Trottoir
Danse / MARDI 06 OCTOBRE 20H30  / Théâtre Saragosse
1H10 / TARIF B

Artiste associé au Centre National de la Danse entre 2017 et 2019, Volmir Cordeiro poursuit son exploration de la rue et des figures de la marginalité avec Trottoir. En écho aux rites de possession, filmés par Jean Rouch dans Les Maîtres fous (1955), le chorégraphe transfère l’énergie de la fête dans une danse de métamorphose. Le trottoir est le lieu de la marche, de la célébration, de la divagation. C’est aussi le lieu de l’altérité où les identités s’échangent, où la marginalité s’affiche. Cortège de prostituées, boys travailleurs, balade, transe sont autant de possibles, autant de « masques » permettant d’échapper à la rigidité du béton. La pièce de Volmir Cordeiro tire son principe libérateur de la circulation d’une joie festive entre les six interprètes – danseurs et chanteurs. Le Trottoir sur lequel ils déambulent définit un paysage singulier où les corps s’exposent avec générosité dans un débordement de couleurs. Volmir Cordeiro trouve dans l’expérience du désordre une impulsion créatrice jubilatoire qui explose dans cette pièce multicolore et joyeusement transgressive. Passé par le CNDC d’Angers après plusieurs expériences marquantes au Brésil, notamment aux côtés de la chorégraphe Lia Rodrigues, Volmir Cordeiro est remarqué pour ses deux solos Ciel (2012) et Inês (2014), présentés dans le cadre de Résonance(s) 2018, et le duo Rue (2015), qui traitent des corps marginaux et de leur place dans l’espace urbain.

Chorégraphie Volmir Cordeiro / Interprétation Volmir Cordeiro, Martin Gil, Isabela Fernandes Santana, Marcela Santander Corvalán, Anne Sanogo, Washington Timbó / Création lumière Abigail Fowler Création son Arnaud de la Celle / Conception costumes Volmir Cordeiro / Réalisation costumes Vinca Alonso & Volmir Cordeiro avec la participation des danseurs / Regards précieux Carolina Campos, Adeline Fontaine, Kiduck Kim / Stagiaires Garance Debert, Léa Lourmière / Remerciements Charlotte Imbault, Chloé Perol, Bruno Pace, Joy Noire, Nadine Noret / Remerciements particuliers Henry Pillsbury / Administration, production, diffusion MANAKIN Lauren Boyer & Leslie Perrin / Crédits photo : Fernanda Tafner
PRODUCTION

Création septembre/octobre 2019 à Actoral, festival international des arts et des écritures contemporaines. Production Donna Volcan. Administration, production, diffusion MANAKIN Lauren Boyer & Leslie Perrin. Coproduction CND Centre national de la danse, Le Musée de la Danse – Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne dans le cadre de la mission Accueil-studio, Charleroi Danse – Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie – Bruxelles, Ateliers Médicis – Clichysous- Bois Montfermeil, King’s Fountain, Actoral – festival international des arts et des écritures contemporaines, Art Danse CDCN Dijon Bourgogne – Franche-Comté. Soutien École Nationale Supérieure d’Art de Dijon, Département de la Seine-Saint-Denis, DRAC Île-de-France au titre de l’aide à la structuration. Volmir Cordeiro est artiste associé au CN D.

Artiste associé au Centre National de la Danse entre 2017 et 2019, Volmir Cordeiro poursuit son exploration de la rue et des figures de la marginalité avec Trottoir. En écho aux rites de possession, filmés par Jean Rouch dans Les Maîtres fous (1955), le chorégraphe transfère l’énergie de la fête dans une danse de métamorphose. Le trottoir est le lieu de la marche, de la célébration, de la divagation. C’est aussi le lieu de l’altérité où les identités s’échangent, où la marginalité s’affiche. Cortège de prostituées, boys travailleurs, balade, transe sont autant de possibles, autant de « masques » permettant d’échapper à la rigidité du béton. La pièce de Volmir Cordeiro tire son principe libérateur de la circulation d’une joie festive entre les six interprètes – danseurs et chanteurs. Le Trottoir sur lequel ils déambulent définit un paysage singulier où les corps s’exposent avec générosité dans un débordement de couleurs. Volmir Cordeiro trouve dans l’expérience du désordre une impulsion créatrice jubilatoire qui explose dans cette pièce multicolore et joyeusement transgressive. Passé par le CNDC d’Angers après plusieurs expériences marquantes au Brésil, notamment aux côtés de la chorégraphe Lia Rodrigues, Volmir Cordeiro est remarqué pour ses deux solos Ciel (2012) et Inês (2014), présentés dans le cadre de Résonance(s) 2018, et le duo Rue (2015), qui traitent des corps marginaux et de leur place dans l’espace urbain.

DISTRIBUTION

Chorégraphie Volmir Cordeiro / Interprétation Volmir Cordeiro, Martin Gil, Isabela Fernandes Santana, Marcela Santander Corvalán, Anne Sanogo, Washington Timbó / Création lumière Abigail Fowler Création son Arnaud de la Celle / Conception costumes Volmir Cordeiro / Réalisation costumes Vinca Alonso & Volmir Cordeiro avec la participation des danseurs / Regards précieux Carolina Campos, Adeline Fontaine, Kiduck Kim / Stagiaires Garance Debert, Léa Lourmière / Remerciements Charlotte Imbault, Chloé Perol, Bruno Pace, Joy Noire, Nadine Noret / Remerciements particuliers Henry Pillsbury / Administration, production, diffusion MANAKIN Lauren Boyer & Leslie Perrin / Crédits photo : Fernanda Tafner

 
RENDEZ-VOUS
 

Volmir Cordeiro

Né en 1987, Volmir Cordeiro a d’abord étudié le théâtre pour ensuite collaborer avec les chorégraphes brésiliens Alejandro Ahmed, Cristina Moura et Lia Rodrigues. Il intègre la formation Essais en 2011 au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers - direction Emmanuelle Huynh et a soutenu en novembre 2018 une thèse à l’Université Paris 8 sur les figures de la marginalité dans la danse contemporaine qui fera l’objet d’une publication en 2019. Il a participé aux pièces de Xavier Le Roy, Laurent Pichaud & Rémy Héritier, Emmanuelle Huynh, Jocelyn Cottencin et Vera Mantero. En 2012, il signe en France un premier solo, Ciel, puis, Inês en 2014 et en mars 2015, le duo Epoque, avec Marcela Santander Corvalán. Il a clos un premier cycle de son travail, composé des trois solos Ciel, Inês et Rue (créé en octobre 2015 au Musée du Louvre, en collaboration avec la FIAC) et a créé à Brest, en février 2017, une pièce pour quatre danseurs, L’oeil la bouche et le reste. Il enseigne régulièrement dans des écoles de formation chorégraphique telles que le Master Exerce (ICI-CCN Montpellier, France) et Master Drama (Kask,Gand, Belgique). Volmir Cordeiro a été artiste associé à la Ménagerie de Verre en 2015, et est depuis 2017 artiste associé au Centre National de la Danse (CND) à Pantin. Il est également artiste résident chercheur aux Ateliers Médicis à Clichy-sous-bois.

Trottoir, trouble fête
Sous le délire apparent de personnages-jouets carnavalesques perce un discours sur l’oppression. Le policier qui siffle, le militaire qui tire, le chien qui pisse, le joueur de foot qui frappe. On pourrait être dans l’univers Playmobil, avec ses figurines aux mouvements géométriques, leurs fonctions clairement assignées et leurs accessoires bien colorés. Sauf qu’ici les visages de ces « jouets » sont masqués de collants de gangsters multicolores, que tous les rôles sont interchangeables et cumulables à l’envi, et qu’on trouve aussi sur le plateau la pute qui tapine, le trav’qui se déhanche, le clochard qui mendie. Impossible de savoir où est Charlie dans ce pétaradant Trottoir, où les danseurs bougent autant qu’ils semblent être bougés : le policier est aussi la pute qui tire sur le clochard avant de pisser comme un clébard. Ce morphing incessant est fascinant dès la première seconde. D’autant plus qu’il contamine les six danseurs dans un flux d’énergie ininterrompu : les actions utilitaires se mêlent à des flashs de samba qui ouvrent sur des farandoles sylvestres menant vers des transes de club, tandis que les cagoules se craquent pour laisser poindre les visages comme des larves entameraient leur mue. On a vite compris qu’on nous parlait en sourdine d’oppression et d’émancipation, mais comme si l’un n’avait jamais longtemps l’ascendant sur l’autre. Tout paraît ainsi plus ambivalent qu’il n’y paraît, dans cette fantasque chorégraphie de groupe signée du Brésilien Volmir Cordeiro, à commencer par cette musique d’ascenseur au rythme de laquelle les figurines se tripotent le cul et s’assomment à coups de bâtons. Il s’agit d’un calypso remixé et comme diffusé depuis la pièce d’à côté, ou depuis le passé - une musique de fête mais aussi de rébellion. Cette façon qu’a le chorégraphe de superposer la joie et sa répression, le cadre et son débordement, la mécanique du jouet et l’organique du danseur, nous certifie qu’on est bien là aux sources du carnaval, dans tout ce qu’il peut avoir de festif et d’hyperviolent. Et ce rituel politique prend ici le goût d’un dangereux paquet de bonbons à se glisser sous la langue. Le trip d’acide est fulgurant et nous téléporte dans un espace invisible et fantasmé, celui du trottoir, donc. Un espace bien trop étroit pour contenir tout ce bordel, de sorte que ça explose nécessairement dans tous les sens mais sans qu’on puisse jamais définir la part de feux d’artifice et de kalachnikov dans l’explosion.
Libération, Ève Beauvallet, le 5 décembre 2019.

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE
D'INTÉRÊT NATIONAL
ART ET CRÉATION DANSE