JONATHAN CHÂTEL
PETIT EYOLF
Théâtre / mardi 05 mai 20h30  / Théâtre Saragosse
1h30 / TARIF B

Le metteur en scène Jonathan Châtel est franco-norvégien. Son désir de monter la pièce d’Ibsen Petit Eyolf naît lors d’un séjour hivernal en Norvège, à une époque de l’année où la vie semble tourner au ralenti dans une lumière rare et diffuse. Dans Petit Eyolf, Ibsen sonde le malaise de nos sociétés obsédées par la perfection.

Que se passe-t-il lorsque notre exigence fanatique d’harmonie est balayée par une crise ? Le philosophe Alfred Allmers a pris la décision irrévocable de renoncer à son oeuvre pour se consacrer à Eyolf, son garçon handicapé. Ce projet est aussitôt mis à mal par la noyade d’Eyolf, qui laisse derrière lui l’image obsédante de ses yeux, grands ouverts, regardant depuis le fond du fjord. La haine, les pulsions sexuelles inavouables, la violence et le dégoût de l’autre refont surface et entraînent Alfred, sa femme Rita et sa demi-soeur Asta aux limites de la folie. Choisissant de ne pas faire intervenir l’enfant sur scène, Jonathan Châtel adapte et resserre la pièce d’Ibsen pour en livrer une épure superbe toute en mystère et en délicatesse.

Petit Eyolf a reçu le Prix du Public au festival Impatience 2013.

COMPAGNIE ELK
UNE PIÈCE D’HENRIK IBSEN
MISE EN SCÈNE, ADAPTATION ET TRADUCTION JONATHAN CHÂTEL
SCÉNOGRAPHIE GASPARD PINTA
LUMIÈRES MARIECHRISTINE SOMA
MUSIQUE DANIEL FREITAG
COSTUMES AXEL AUST
COLLABORATION ARTISTIQUE SANDRINE LE PORS
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE ADÈLE RUTIGLIANO
AVEC ALEXANDRA FLANDRIN, VLADISLAV GALARD, PAULINE LORILLARD, LAURENT MÉNORET, ANNE-SOPHIE STERCK
CRÉDIT PHOTO J. CHATEL ET PIERRE GROSBOIS

Le metteur en scène Jonathan Châtel est franco-norvégien. Son désir de monter la pièce d’Ibsen Petit Eyolf naît lors d’un séjour hivernal en Norvège, à une époque de l’année où la vie semble tourner au ralenti dans une lumière rare et diffuse. Dans Petit Eyolf, Ibsen sonde le malaise de nos sociétés obsédées par la perfection.

Que se passe-t-il lorsque notre exigence fanatique d’harmonie est balayée par une crise ? Le philosophe Alfred Allmers a pris la décision irrévocable de renoncer à son oeuvre pour se consacrer à Eyolf, son garçon handicapé. Ce projet est aussitôt mis à mal par la noyade d’Eyolf, qui laisse derrière lui l’image obsédante de ses yeux, grands ouverts, regardant depuis le fond du fjord. La haine, les pulsions sexuelles inavouables, la violence et le dégoût de l’autre refont surface et entraînent Alfred, sa femme Rita et sa demi-soeur Asta aux limites de la folie. Choisissant de ne pas faire intervenir l’enfant sur scène, Jonathan Châtel adapte et resserre la pièce d’Ibsen pour en livrer une épure superbe toute en mystère et en délicatesse.

Petit Eyolf a reçu le Prix du Public au festival Impatience 2013.

DISTRIBUTION

COMPAGNIE ELK
UNE PIÈCE D’HENRIK IBSEN
MISE EN SCÈNE, ADAPTATION ET TRADUCTION JONATHAN CHÂTEL
SCÉNOGRAPHIE GASPARD PINTA
LUMIÈRES MARIECHRISTINE SOMA
MUSIQUE DANIEL FREITAG
COSTUMES AXEL AUST
COLLABORATION ARTISTIQUE SANDRINE LE PORS
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE ADÈLE RUTIGLIANO
AVEC ALEXANDRA FLANDRIN, VLADISLAV GALARD, PAULINE LORILLARD, LAURENT MÉNORET, ANNE-SOPHIE STERCK
CRÉDIT PHOTO J. CHATEL ET PIERRE GROSBOIS

 
RENDEZ-VOUS
 

Après des études de philosophie, Jonathan Châtel obtient un doctorat d’études théâtrales. Scénariste pour le cinéma, la bande dessinée, il écrit également des textes de chansons. Il est cofondateur de la compagnie ELK, créée en 2011, et directeur du Centre d’Études Théâtrales de l’Université de Louvain-la-Neuve en Belgique.

Belle apparition d’un metteur en scène franco-norvégien Jonathan Châtel
C’est avec Petit Eyolf, l’une des dernières pièces du norvégien Henrik Ibsen que le franco-norvégien Jonathan Châtel signe son premier spectacle plus que prometteur : parfaitement maîtrisé.
En traduction française, la pièce avait créée à la toute fin du XIXe siècle par Lugné-Poe. Il adorait l’auteur norvégien dont il créa plusieurs pièces comme il le raconte dans les trois volumes de La Parade, ses souvenirs de théâtre qui mériteraient d’être réédités par son éditeur, Gallimard. Contrairement à Hedda Gabler par exemple, Petit Eyolf est une pièce peu montée. On doit à Alain Françon de nous avoir rappelés à son bon souvenir dans une nouvelle traduction de Michel Vittoz qui parlait d’une « économie de l’élémentaire » en évoquant la langue de la pièce. Cette économie-là est pleinement à l’oeuvre dans la chaîne du travail qui conduit Jonathan Châtel à cette version du Petit Peyolf qu’il monte non comme une pièce du « répertoire » mais comme une pièce contemporaine toute vibrante. Parlant couramment le norvégien, ce gaillard haut et charpenté comme un viking et qui a fait des études de philosophie avant de choisir la mise en scène, a d’abord retraduit la pièce avec Inger Winsnes « pour retrouver l’immédiateté et l’oralité de la langue originale ».
Il a ensuite adapté le texte « pour resserrer » la parole et nous la rendre proche. Ce qui le conduit à supprimer la présence en scène du personne du petit Peyolf, un enfant de « neuf ans », précise Ibsen. Eyolf, enfant handicapé, va bientôt disparaître de la plage où il joue avec d’autres enfants et bouleverser la vie de ses parents Alfred et Rita. Mais aussi la vie d’Asta dont une lettre de sa mère a révélé le secret : elle n’est pas la soeur d’Alfred mais sa demi-soeur secret (qu’elle révélera au cours de la pièce) doublé de cette étrangeté : enfant, Alfred aimait appeler Eyolf, sa (demi-)soeur. Belle idée que cette disparition physique d’Eyolf qui lui donne un surcroît de mystère y compris sur son âge qui désormais flotte comme son visage (si bien que chaque spectateur peut les imaginer). C’est aussi ce qui permet à Jonathan Châtel de faire des autres personnages de la pièce des jeunes « trentenaires », ce que Ibsen ne précise pas, mais est de l’ordre du possible et c’est l’âge autour duquel tournent le metteur en scène et ses acteurs. Si bien qu’il y a comme une collusion entre les personnages, dégagés de leur gangue historique, et les acteurs qui portent dans aujourd’hui, l’emprise de Rita, Alfred et Asta avec des sentiments contradictoires, une volonté d’être mettant à mal la force d’aimer, un doute de soi.
La mer est là devant eux lorsqu’ils regardent le public et c’est comme si le cadavre vivant du petit Eyolf était parmi nous et les regardait (peut-être suis-je en train d’écrire ces lignes ce matin sous l’influence des Revenants série entrevue sur Canal+ tard dans la nuit au retour du théâtre mercredi, mais, non, je les maintiens). Quoi qu’il en soit, dans un beau paradoxe, l’absence physique de l’enfant dans la mise en scène de Jonathan Châtel, renforce sa présence obsédante. Autre façon de « resserrer » la pièce pour mieux la prendre à la gorge, l’espace. Ibsen situe son premier acte dans un salon richement meublé avec de grandes fenêtres donnant sur un fjord. Jonathan et son scénographe Gaspard Pinta, vont à l’essentiel : une motte de terre où traînent quelques briques cassées, au surplomb de la mer. Espace unique où s’abîmeront les hauts talons de Rita, où les corps seront toujours comme au bord du déséquilibre où, seule évoluera à son aise, la « femme aux rats ». Mystérieux personnage éphémère que cette femme aux yeux charbonneux qui par sa musique entraîne les rats comme Merlin entraînait les enfants, et vient proposer ses services. Personnage qui redouble celui de la femme qui aurait été vue auprès du petit Eyolf avant sa disparition. Toute la pièce fonction ainsi, par couples qui se font et se défont autour de cette disparition de l’enfant et ce qu’elle révèle et entraîne d’effondrements, de renversements des valeurs tout en questionnant le comment vivre (après).
Enfin, et c’est déterminant, Jonathan Châtel se révèle un directeur d’acteurs puissant, travaillant des intensités tendues, comme remplissant de lueurs les yeux de ses acteurs, leur demandant de s’en tenir à l’esquisse d’un geste plutôt qu’à son accomplissement rendant ainsi ouverte sa trajectoire. Il y a là comme un saisissement du provisoire, dans cette succession d’instantanés du qui-vive qui semble commun aux acteurs et à leurs personnages.
Excellents jeunes acteurs au demeurant que sont Vladislav Galard que l’on a vu dans Notre terreur, Pauline Lorillard, Alexandra Flandrin, Laurent Ménoret et Anne-Sophie Sterck, tous éclairés par les lumières enveloppantes et attentives de Marie-Christine Soma. Cette mise en scène est le premier travail de la compagnie Elk fondée par Jonathan Châtel et Sandrine Le Pors (collaboratrice artistique du spectacle). La compagnie est basée dans le nord de la France et les deux premières représentations du spectacle ont eu lieu au théâtre d’Arras. Elk veut dire élan en norvégien. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’avec ce Petit Eyolf, la compagnie Elk prend son élan. Rue89, J.-P. Thibaudat, 29 novembre 2012.

Ibsen a sondé le malaise de nos sociétés obsédées par la perfection. Tout doit être parfait : le couple, l’éducation, la sexualité, la vie professionnelle. Alors que se passe-t-il lorsque nos exigences fanatiques d’harmonie sont balayées par une crise ? Dans Petit Eyolf, Ibsen décrit des trentenaires qui cherchent un accord idéal entre leur désir et la réalité. Mais très tôt dans la pièce, la mort d’Eyolf fait s’effondrer ces aspirations impossibles. Cette catastrophe fait resurgir les pulsions inavouables et confronte les personnages à leur cruauté, à leur trivialité. La question reste alors : comment se reconstruire malgré le vide de sens et l’incapacité à vivre avec l’autre ?
D’origine franco-norvégienne, j’ai traduit et adapté la pièce pour retrouver l’immédiateté et l’oralité de la langue originale, pour aussi resserrer la parole et porter la pièce à ce que nous sommes aujourd’hui. Dans mon adaptation, le personnage d’Eyolf est absent, hors cadre. Mon désir est de recentrer le propos sur les dérèglements du monde adulte et de rendre l’enfant d’autant plus présent comme objet fantasmatique. Ce qui est aussi fascinant dans cette pièce, c’est la manière dont Ibsen met son écriture à l’épreuve. Au premier acte, la progression dramatique s’arrête brusquement avec la mort d’Eyolf et le cadre réaliste explose avec l’arrivée de la Fille aux Rats et l’incursion de la nature écrasante. Après cela, l’auteur semble se poser la question : "Que faire avec mon écriture ? Que faire avec mon théâtre ?". C’est cette expérience limite, ce risque de destruction et ce mouvement de réinvention qui m’intéressent dans le travail. J’ai eu l’intuition et le désir de travailler sur cette pièce lorsque je vivais en Norvège. C’était en hiver. A cette époque de l’année, les couleurs sont comme voilées et la vie semble tourner au ralenti dans cette lumière rare et diffuse. En même temps, la nature hostile et l’obscurité interminable sont éprouvantes. Pour moi Petit Eyolf est lié à ces sensations. Jonathan Châtel

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SCÈNE CONVENTIONNÉE
D'INTÉRÊT NATIONAL
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