La petite fille de Monsieur Linh
Théâtre / MERCREDI 28 & JEUDI 29 MARS 20h30  / Théâtre Saragosse
Durée 1H20 / TARIF B

Depuis 2006, le metteur en scène Guy Cassiers se passionne pour l’histoire politique européenne. Son œuvre dramatique est traversée notamment par la figure de l’étranger. En 2016, il consacre un diptyque aux implications politiques, émotionnelles et sociales de l’immigration : en contrepoint de la violence verbale d’Elfriede Jelinek (Borderline), Guy Cassiers porte à la scène le récit poétique et tout en pudeur de Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh (2005), présenté ici. Le récit de Philippe Claudel est l’histoire déchirante d’un homme qui, du jour au lendemain, perd son monde familier pour se retrouver dans un environnement étranger. Il traite des souffrances souvent invisibles qu’infligent les traumatismes de la guerre et du besoin fondamental d’amitié et de soutien qu’éprouvent tous les hommes.Guy Cassiers confie les rôles de son adaptation à un acteur magistral : Jérôme Kircher. Il donne corps à ce personnage d’exilé. L’identification pure est remplacée une dynamique d’empathie et de distanciation relayée par le recours aux recours aux technologies visuelles. Guy Cassiers trouve sa sensibilité dans l’intervalle entre le cri explicitement politique et le chagrin refoulé, inexprimable, de Philippe Claudel.

www.toneelhuis.be

Toneelhuis / Texte Philippe Claudel / Mise en scène Guy Cassiers / Avec Jérôme Kircher / Dramaturgie Erwin Jans / Conception son Diederik De Cock / Conception vidéo Klaas Verpoest / Conseil costumes Tim Van Steenbergen / Crédit photos Dries Segers
PRODUCTION

Production Toneelhuis / Coproduction Le Phénix - Valenciennes, La Filature - Mulhouse, MC93 - Bobigny, Espaces Malraux - Chambéry, La Rose des Vents - Villeneuve d’Ascq, Espaces Pluriels - Pau.

Depuis 2006, le metteur en scène Guy Cassiers se passionne pour l’histoire politique européenne. Son œuvre dramatique est traversée notamment par la figure de l’étranger. En 2016, il consacre un diptyque aux implications politiques, émotionnelles et sociales de l’immigration : en contrepoint de la violence verbale d’Elfriede Jelinek (Borderline), Guy Cassiers porte à la scène le récit poétique et tout en pudeur de Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh (2005), présenté ici. Le récit de Philippe Claudel est l’histoire déchirante d’un homme qui, du jour au lendemain, perd son monde familier pour se retrouver dans un environnement étranger. Il traite des souffrances souvent invisibles qu’infligent les traumatismes de la guerre et du besoin fondamental d’amitié et de soutien qu’éprouvent tous les hommes.Guy Cassiers confie les rôles de son adaptation à un acteur magistral : Jérôme Kircher. Il donne corps à ce personnage d’exilé. L’identification pure est remplacée une dynamique d’empathie et de distanciation relayée par le recours aux recours aux technologies visuelles. Guy Cassiers trouve sa sensibilité dans l’intervalle entre le cri explicitement politique et le chagrin refoulé, inexprimable, de Philippe Claudel.

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DISTRIBUTION

Toneelhuis / Texte Philippe Claudel / Mise en scène Guy Cassiers / Avec Jérôme Kircher / Dramaturgie Erwin Jans / Conception son Diederik De Cock / Conception vidéo Klaas Verpoest / Conseil costumes Tim Van Steenbergen / Crédit photos Dries Segers

   

Guy Cassiers (1960) appartient au cénacle des plus grands créateurs européens de théâtre. Son langage théâtral singulier, qui fait s’unir la technologie visuelle à la passion pour la littérature, est apprécié tant dans son propre pays qu’à l’étranger. Il a reçu le prix Thersites de la critique flamande pour l’ensemble de son oeuvre (1997), le Prix pour les arts de la ville d’Amsterdam et le Werkpreis Spielzeiteuropa des Berliner Festspiele pour son cycle sur Proust (2004), le Prix Europe Nouvelles réalités théâtrales (2009) et, de pair avec Ivo Van Hove, un doctorat Honoris Causa pour mérites généraux par l’Université d’Anvers. Depuis sa nomination au poste de directeur artistique de la Toneelhuis en 2006, Guy Cassiers s’est passionné plus explicitement que jamais pour la figure du détenteur du pouvoir. Le Triptyque du pouvoir (Mefisto for ever, Wolfskers et Atropa. La vengeance de la paix, 2007-2009) se concentre sur les relations complexes entre l’art, la politique et le pouvoir : un thème que Cassiers fouille plus avant dans la trilogie L’homme sans qualités, le grand roman de Robert Musil qui se déroule à la veille de la Première Guerre mondiale (De parallelactie (L’action parallèle, 2010), Het mystieke huwelijk (Le marriage mystique, 2011) et De misdaad (Le crime, 2012). La mise en scène de la guerre des dieux dans l’Anneau de Wagner (2010-2013) s’inscrit également dans cette démarche. L’intérêt croissant que porte Guy Cassiers à l’histoire politique européenne ressort également de projets tels que Bloed & rozen. Het lied van Jeanne en Gilles (Sang et roses. Le chant de Jeanne et Gilles, 2011), sur l’influence et les manipulations de l’Église, et Coeur ténébreux (d’après Heart of Darkness de Joseph Conrad, 2011) sur le passé colonial européen. La saison 2013-2014 le voit mettre par deux fois Shakespeare en scène : le spectacle de théâtre musical MCBTH et Hamlet vs Hamlet (sur un texte de Tom Lanoye), une fois encore deux réflexions sur le pouvoir et l’usurpation. In Passions humaines (sur un texte de Erwin Mortier), un spectacle sur la figure du sculpteur du dix-neuvième siècle Jef Lambeaux, Cassiers se focalise une fois de plus sur la position de l’artiste dans un contexte politique chaotique. En 2015-2016, Cassiers descend dans les abysses de l’âme d’un criminel avec deux projets de théâtre : Caligula (d’après Albert Camus) – qui traite de l’empereur romain qui se livre cruellement à l’expérience de la liberté et du pouvoir absolus -, et De welwillenden (Les bienveillantes d’après Jonathan Littell), les confessions d’un officier nazi impliqué dans les génocides de la Seconde Guerre mondiale. En automne 2016, il a crée De moed om te doden (La force de tuer) de l’auteur dramatique suédois Lars Norén. À l’occasion de l’inauguration du festival urbain Op.Recht.Mechelen, des extraits du spectacle Sang & roses (2011) sont présentés sous forme de lecture concertante. Au Japon, il recrée le spectacle de théâtre musical House of the Sleeping beauties, d’après le roman de Kawabata, qu’il a créé en 2009 avec le compositeur Kris Defoort. Ensuite, il met en scène à Paris, Trompe-la-mort, d’après Balzac sur une musique de Luca Francesconi.

La petite fille de monsieur Linh est une histoire déchirante sur ceux qui perdent leur monde familier du jour au lendemain et se retrouvent dans un environnement étranger ; sur les souffrances souvent invisibles qu’infligent les traumatismes de guerre ; et sur le besoin fondamental d’amitié et de soutien qu’éprouvent tous les hommes. Le roman de Philippe Claudel, qui date de 2005, n’a rien perdu en force et en actualité, plus de dix ans après sa parution. Au contraire, dira-t-on. Plus que jamais, notre société a besoin de solidarité et d’empathie pour les souffrances d’autrui. Toute l’oeuvre dramatique du metteur en scène est traversée par le fil rouge de la figure de l’étranger. La réalité y est envisagée par l’angle d’un personnage qui ne peut rien y comprendre. Les spectacles de Guy Cassiers ne visent pas le réalisme. Son recours aux technologies visuelles (projection d’images, usage de la caméra en direct) se place sous le signe de l’évocation du monde intérieur de ses personnages. Le langage et l’image en sont les prémisses les plus importantes. Guy Cassiers fait se conjuguer la richesse littéraire d’un roman avec les possibilités qu’offrent les technologies visuelles. Dans cette démarche personnelle, « parler » (le discours) et « montrer » (l’image) se chevauchent aussi peu que possible et gardent leur autonomie : ce qui est dit n’est pas montré, et ce qui est montré n’a pas à être dit. Dans ses spectacles, Cassiers s’adresse aux spectateurs sur le plan sensoriel. La petite fille de Monsieur Linh est un récit à la troisième personne. L’adaptation et la mise en scène de Guy Cassiers respectent cette forme. L’identification pure est remplacée par l’attitude réflective de l’acteur qui tente de comprendre les pensées de son personnage, de l’analyser, se laissant parfois entraîner par lui pour se retrouver à nouveau en dehors de lui. C’est autour de cette dynamique d’empathie et de distanciation que s’articule le spectacle. Monsieur Linh a dû quitter son univers familier dans des circonstances extrêmes. Monsieur Linh aboutit dans un pays européen qui lui est totalement étranger. Monsieur Linh ne se laisse imprégner par ce nouvel environnement que de façon sensorielle, sans pouvoir en traduire les impressions en notions intelligibles. Il voit ce monde, mais il n’est pas à même de le lire. Il entend les sons, mais n’est pas capable d’en distiller les significations. Ce monde nouveau est pour monsieur Linh comme un kaléidoscope : il voit les morceaux d’un puzzle qu’il ne peut pas assembler. Il ne dispose en effet pas de la connaissance et des codes qui lui permettraient de faire un tout cohérent des fragments de réalité qu’il perçoit. Bien qu’il s’y évertue, il n’a aucune prise sur son nouveau monde. Au début, sa petite-fille (la poupée) est son seul point de repère. Mais peu à peu, à mesure qu’il se lie d’amitié avec monsieur Bark, il se sent mieux en sa compagnie. L’aliénation totale de monsieur Linh se traduit de différentes manières dans la représentation scénique. Tous les autres protagonistes – autres réfugiés, assistants du centre d’asile, l’infirmière, l’interprète, le médecin – n’apparaissent qu’en mots projetés sur l’écran. Dans une typographie inspirée par la bande dessinée, les mots sont colorés d’après les émotions : ainsi, les mots en gras indiquent des ordres, les mots en grands caractères, des cris. Le spectateur peut ainsi se faire une image des personnages. La technologie visuelle et la subtile conception acoustiques permettent à Cassiers, en tant que metteur en scène, de rendre sur la scène le monde intime et fragmenté de monsieur Linh : un monde composé de détails sur lesquelles la caméra fait un gros plan. Ces détails évoquent l’étrangeté du monde dans lequel a abouti monsieur Linh : un détail d’un banc suggère tout le banc, une fleur suggère un parc, un lit suggère un dortoir, une grille suggère l’institut psychiatrique… Les actes concrets (boire une tasse de café, se promener dans la ville, etc.) ne sont pas représentés physiquement, mais visuellement (par la projection d’images). Personne n’existe vraiment, pour monsieur Linh. Personne n’a face humaine. Il a tout perdu. Même la poupée qu’il prend pour sa petite-fille n’est pas là physiquement. Monsieur Linh vit dans l’isolement le plus total. La manière infantilisante dont les autres l’approchent et lui parlent (le personnel du centre d’asile, etc.) ne fait qu’augmenter son aliénation.

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