Fúria
Danse / MARDI 11 FÉVRIER 20H30  / Théâtre Saragosse
1H10 / TARIF B

La chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues partage avec Maguy Marin, auprès de qui elle a débuté en Europe dans les années 1980, la vision d’un art en prise directe sur le monde. Cet engagement, qui s’est traduit par un travail artistique dans l’une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro, transparaît dans sa dernière création, Fúria. La chorégraphe y crée un spectacle-monde, un monde haché par une multitude de questions sans réponse, traversé de sombres et fulgurantes images, de contrastes et de paradoxes.

Un monde de bruit et de furie qui serait pour la chorégraphe et ses neufs danseurs une métaphore du Brésil d’aujourd’hui, avec sa pauvreté extrême, son racisme endémique et une violence permanente. Couverts d’oripeaux ou nus, les danseurs émergent d’un grand déversoir de tissus et d’objets en déshérence. Ils se relèvent, dansent et marchent comme dans un carnaval baroque rythmé par les percussions répétitives de chants traditionnels kanaks. Entre rituel et tableaux vivants, empruntant à la peinture classique aussi bien qu’aux images d’actualités, les corps exaltent la jouissance et le grotesque, traversés par les relations de force qui travaillent la société brésilienne contemporaine. Lia Rodrigues parvient à extraire de cette procession furieuse et désarticulée une sensualité féroce et une puissance expressive qui laissent sans voix. Fúria est une danse de résistance d’une énergie intense et d’une beauté convulsive.

Création Lia Rodrigues / Assistante à la création Amalia Lima / Dramaturgie Silvia Soter / Collaboration artistique et images Sammi Landweer / Création lumières Nicolas Boudier / Régie générale Magali Foubert / Administration, diffusion Thérèse Barbanel, Colette de Turville / Musique morceaux de chants traditionnels et de danses des Kanaks de Nouvelle-Calédonie / Dansé et créé en étroite collaboration avec Leonardo Nunes, Felipe Vian, Clara Cavalcante, Carolina Repetto, Valentina Fittipaldi, Andrey Silva, Karoll Silva, Larissa Lima, Ricardo Xavier / Remerciements Zeca Assumpçao, Inês Assumpçao, Alexandre Seabra, Mendel / CRÉDITS PHOTOS SAMI LANDWEER
PRODUCTION

Production Chaillot – Théâtre national de la Danse / Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings, le Festival d’Automne, le Centquatre Paris, le MA scène nationale, Pays de Montbéliard, le Künstlerhaus Mousonturm Frankfurt am Main, dans le cadre du festival Frankfurter Position 2019 – une initiative du BHF-Bank-Stiftung, le Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), le Teatro Municipal do Porto — Festival DDD – Dias da Dança, Theater Freiburg (Allemagne), Les Hivernales- CDNC, Muffatwerk München, Lia Rodrigues Companhia de Danças et le soutien de Redes da Maré e Centro de Artes da Maré / Lia Rodrigues est artiste associée à Chaillot-Théâtre national de la Danse et au Centquatre Paris

La chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues partage avec Maguy Marin, auprès de qui elle a débuté en Europe dans les années 1980, la vision d’un art en prise directe sur le monde. Cet engagement, qui s’est traduit par un travail artistique dans l’une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro, transparaît dans sa dernière création, Fúria. La chorégraphe y crée un spectacle-monde, un monde haché par une multitude de questions sans réponse, traversé de sombres et fulgurantes images, de contrastes et de paradoxes.

Un monde de bruit et de furie qui serait pour la chorégraphe et ses neufs danseurs une métaphore du Brésil d’aujourd’hui, avec sa pauvreté extrême, son racisme endémique et une violence permanente. Couverts d’oripeaux ou nus, les danseurs émergent d’un grand déversoir de tissus et d’objets en déshérence. Ils se relèvent, dansent et marchent comme dans un carnaval baroque rythmé par les percussions répétitives de chants traditionnels kanaks. Entre rituel et tableaux vivants, empruntant à la peinture classique aussi bien qu’aux images d’actualités, les corps exaltent la jouissance et le grotesque, traversés par les relations de force qui travaillent la société brésilienne contemporaine. Lia Rodrigues parvient à extraire de cette procession furieuse et désarticulée une sensualité féroce et une puissance expressive qui laissent sans voix. Fúria est une danse de résistance d’une énergie intense et d’une beauté convulsive.

DISTRIBUTION

Création Lia Rodrigues / Assistante à la création Amalia Lima / Dramaturgie Silvia Soter / Collaboration artistique et images Sammi Landweer / Création lumières Nicolas Boudier / Régie générale Magali Foubert / Administration, diffusion Thérèse Barbanel, Colette de Turville / Musique morceaux de chants traditionnels et de danses des Kanaks de Nouvelle-Calédonie / Dansé et créé en étroite collaboration avec Leonardo Nunes, Felipe Vian, Clara Cavalcante, Carolina Repetto, Valentina Fittipaldi, Andrey Silva, Karoll Silva, Larissa Lima, Ricardo Xavier / Remerciements Zeca Assumpçao, Inês Assumpçao, Alexandre Seabra, Mendel / CRÉDITS PHOTOS SAMI LANDWEER

   

Lia Rodrigues

Née au Brésil en 1956 Lia Rodrigues, après une formation de ballet classique à São Paulo, fonde en 1977 le Grupo Andança. Entre 1980 et 1982, elle vient en France et rentre dans la Compagnie Maguy Marin et participe de la création de May B. De retour au Brésil, elle s’installe à Rio de Janeiro où elle fonde sa compagnie, la Lia Rodrigues Companhia de Danças en 1990. En 1992, elle crée le Festival annuel de danse contemporaine Panorama de Dança qu’elle dirige jusqu’en 2005.
La Compagnie Lia Rodrigues Companhia de Danças est reconnue nationalement et internationalement et fait partie du mouvement qui a aidé à construire un langage pour la danse contemporaine au Brésil. Stimuler la discussion, promouvoir des lieux de débat, sensibiliser des individus aux questions de l’art contemporain, générer des rencontres intellectuelles et affectives, soutenir et investir dans la formation et l’information pour de nouveaux publics sont quelques-unes des actions que la Compagnie a mises en place pendant ses 26 ans d’existence.
En 2004, invitée par Silvia Soter, dramaturge de la Compagnie, Lia Rodrigues a décidé de s’approcher d’une énorme partie de la ville de Rio, très peu visitée par les artistes contemporains, la favela de Maré, à Rio de Janeiro. L’engagement de Lia Rodrigues dans la Maré se manifeste par la présence quotidienne de sa compagnie de danse qui y développe touts ses nouvelles créations depuis son installation, par la présentation des ses spectacles et de son répertoire, ainsi que par des projets pédagogiques et artistiques qui cherchent à intégrer les habitants de la Maré.
Lia Rodrigues a crée aussi, en partenariat avec l’association Redes de Maré, le Centro de Artes de Maré en 2009 et l’École Libre de Danse da la Maré.
Elle a reçu du gouvernement français la médaille de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2005 et en 2014 le prix de La Fondation Prince Claus du Pays-Bas.
En 2016, elle reçoit le prix de Chorégraphie de la SACD.

Lia Rodrigues fait danser une humanité en lambeaux

Sous l’amas de détritus, derrière les plastiques et sacs poubelle, quelque chose survit, dort peut-être, gigote. Et soudain, les ordures gonflent, se déplacent, des fragments de corps apparaissent, une humanité en lambeaux se faufile et reprend pied. Ce composite extrême de déchets et de chair est le point de départ et la conclusion de la pièce Fúria, chorégraphiée par Lia Rodrigues pour neuf interprètes. Depuis 2004, l’artiste brésilienne travaille dans la favela de Maré, à Rio de Janeiro. Mais il n’est pas besoin d’aller au Brésil pour voir au coin de la rue ces monticules de bric et de broc qui servent de refuges et de maisons aux sans-abri. L’humain, bien vivant ou déjà cadavre, mis au rebut et sans plus de valeur qu’une bâche ? Ce constat devenu banalement tragique, dénoncé par Lia Rodrigues dans ses spectacles depuis les années 2000, est ici fouetté dans un sursaut d’urgence brutal. Il sert d’appui à une épopée chorégraphique qui surgit sur le plateau avec les seuls moyens du corps et du mouvement pour ériger une formidable cordée d’interprètes. Le plus souvent couverts d’oripeaux ou nus, les danseurs émergent du dépotoir, se relèvent, dansent et marchent, réinventent le cortège de l’insoumission au destin en égrenant au passage les figures de la révolte et de la domination, de la résistance et de l’impuissance.
Ce soulèvement lent, cette insurrection éphémère sont soufflés par un feu crépitant : celui de musiques percussives et de chants traditionnels des Kanak de Nouvelle- Calédonie. Servies en boucle, de plus en plus fort, elles mettent les nerfs en pelote en levant un tremblement collectif. Quasi orgasmique dans son insistance, il emballe le groupe dans une transe virulente. De cette tendance souvent présente sur les plateaux de danse depuis quelques années, à travers aussi le retour au rituel, Lia Rodrigues réussit à extraire une vision acérée qui secoue le corps jusqu’à la grimace et porte à un paroxysme le trip viscéral sans verser dans l’imagerie tribale.
Lia Rodrigues prouve une fois de plus combien elle sait chorégraphier un groupe de danseurs à pleines mains. Elle attrape la masse pour en modeler les tensions, triturer les hérissements, équilibrer les sautes d’humeur. Vague sans cesse remuante, Fúria emporte aussi dans son ressac d’autres spectacles de la chorégraphe. Sa passion pour la communauté était au coeur de Para que o céu nao caia (2016) et de sa stupéfiante trilogie brésilienne composée de Pororoca (2009), Piracema (2011) et Pindorama (2013), qui se suffisait d’un immense plastique transparent, d’eau et de corps nus pour vriller la réalité dans un silence tranchant. Elle persiste aussi dans son économie stricte et sublimée de la pauvreté qui fait rimer esthétique avec éthique en choisissant son camp.
La réalité rattrape méchamment les images de Fúria. Le dépotoir, les silhouettes en plastique, les guenilles, les visages cagoulés semblent malheureusement trop repérés à force de présence dans les médias et sur les scènes chorégraphiques. Pêle-mêle, on pense, entre autres, à Suivront mille ans de calme (2010), d’Angelin Preljocaj, à Sider (2011), de William Forsythe, à Tauberbach (2014), d’Alain Platel… La défiguration de l’humain est en cours et se banalise. La langue inventée et incompréhensible balancée à la fin par un des hommes masqués en est aussi l’expression.
Rosita Boisseau, Lemonde.fr, le 10 décembre 2018.

Lia Rodrigues, de bruit et de « Fúria »

La chorégraphe brésilienne aura marqué cette fin d’année avec son spectacle furieux. Après Chaillot, la pièce est donnée au Centquatre à Paris puis en tournée en régions. On ne sort pas indemne d’une représentation de Fúria. Sonné, bouleversé - ou énervé -, au choix. La chorégraphie de Lia Rodrigues est de ces spectacles-monde qui parlent à tous. Venus du Brésil où ils travaillent dans le centre d’art installé dans la favela de La Maré et initiés par Lia Rodrigues, les neuf interprètes réunis sur le plateau portent Fúria à des sommets d’intensité. Ballet recyclé où chaque bout de tissus provient des rebuts d’autres pièces, il brasse des questions fondamentales sur la violence d’un Etat, la présence du religieux, le fait colonial.
Mais Fúria n’est pas seulement dans la dénonciation : Rodrigues signe des tableaux vivants empruntant à la peinture classique ou aux images d’actualité. Les danses ici deviennent des processions, les solistes émergent comme des naufragés contemporains. La chorégraphe opte pour des rythmes à contretemps, parfois frénétiques puis plus calmes. Jusque dans les détails, ces paumes de mains offertes qui deviennent des poings rageurs par exemple, Fúria fait sens. Les visions ainsi créées avec presque rien pourraient en remontrer à bien des artistes invités par les biennales d’art contemporain. Un homme pris dans un filet, un costume de carnaval réinventé, une femme telle une reine lointaine portée par des partenaires... la liste est longue. La beauté est selon Fúria convulsive. Lia Rodrigues soigne chaque élément, de la musique - une boucle à partir de chant kanak - aux lumières de Nicolas Boudier.
De par son parcours, allant de l’étude de la danse classique à une rencontre en France avec Maguy Marin avant de revenir sur ses terres, Lia Rodrigues n’a de cesse de s’ouvrir aux autres. Ses dernières créations en témoignent. Avec cette furie chorégraphique, les membres de la troupe célèbrent un Brésil diversifié qui ne peut qu’entrer en résistance. A la fin de la pièce, Clara, Valentina, Larissa, Leonardo, Carolina, Andrey, Karoll, Felipe et Ricardo viendront saluer avec des pancartes bricolées. On y lit le nom de Marielle Franco, femme politique sociologue assassinée l’an passé à Rio de Janeiro, ou ces simples mots : « Un brésil pour tous ».
Philippe Noisette, Lesechos.fr, le 07 décembre 2018.

Dans Pour que le ciel ne tombe pas, nous touchons d’une manière ou d’une autre à la question de l’altérité. La nouvelle création se réfère toujours à cette question et comment l’aggraver, l’intensifier, trouver de nouveaux problèmes, de nouvelles expériences, de nouvelles perspectives et façons de penser ? D’où parlons-nous ? Pourquoi parlons-nous ? De qui parlons-nous ? Comment parlons-nous ?
Clarice Lispector, écrivain brésilien, dans La Passion selon GH, dit : " Le monde ne me fait pas peur si je suis allé dans le monde. Si je vais au monde, je n’aurai pas peur. Si nous sommes le monde, nous sommes mis en mouvement par un radar délicat qui nous guide. "
Comment devenons-nous des mondes ? Comment pouvons-nous être guidés par un radar délicat et, dans ce lieu spécifique et singulier qu’est la scène, créer un monde ? Un monde haché par une multitude de questions sans réponse, traversé de sombres et fulgurantes images, de contrastes et de paradoxes. Un monde de bruit et de furie.
Lia Rodrigues

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE
D'INTÉRÊT NATIONAL
ART ET CRÉATION DANSE