A la fois comédie et drame, Ivanov est l’une des pièces les plus étranges d’Anton Tchekhov. Comme souvent dans ce théâtre, les personnages ne sont jamais plus drôles que lorsqu’ils sont saisis au bord de l’effondrement. Ivanov erre dans une société aristocratique décadente et bouffonnement tragique où règnent la cupidité et le calcul, la médisance et la mesquinerie. Jeune bourgeois désenchanté et rongé par une culpabilité existentielle, il aurait pourtant tout pour réussir. Grand propriétaire terrien, homme à femmes séduisant et intellectuel brillant, il se lasse de son épouse malade et s’enferme dans un exil intérieur insupportable mais lucide qui le conduira à la catastrophe. Philippe Adrien, qui sait jouer des contrastes de tempérament entre ses comédiens, dirige à la perfection une troupe exceptionnelle. Il parvient à donner une intensité perceptible à chaque personnage tout en composant un ensemble fluide et harmonieux.

« [...] La dizaine de comédiens qui accompagnent la tragédie d’Ivanov nous livrent la comédie de leur insouciance, de leur frivolité, de leur ennui dans une sarabande à laquelle Philippe Adrien donne une coloration farcesque que, là encore, Tchekhov n’aurait pas désavouée. Chacun joue avec drôlerie un archétype de l’étonnante société russe de cette fin du XIXe, et leur rassemblement festif compose une sorte de symphonie baroque délirante. » Philippe Tesson - Le Figaro Magazine