WE'RE PRETTY FUCKIN' FAR FROM OKAY
Danse / LUNDI 27 MARS 20H30  / Théâtre Saragosse
1H / TARIF B

Lisbeth Gruwez, ancienne égérie et collaboratrice de Jan Fabre, développe au sein de la compagnie Voetvolk une recherche chorégraphique qui repose sur l’intensité autant que sur la précision du geste dansé. We’re pretty fuckin’ far from okay, spectacle magnétique, est le troisième volet d’un triptyque sur le corps extatique amorcé avec It’s going to get worse... et ah/ha, pièce galvanisante et chorale autour du rire. Lisbeth Gruwez continue ici de sonder les émotions humaines les plus primitives, par le biais notamment d’un travail sur la voix et la respiration. Pour creuser l’expérience de l’angoisse comme une matière physique, la chorégraphe s’associe avec le performeur Nicolas Vladyslav, comédien et mime, qui pense le réel par le biais du corps. Ensemble, ils endossent les symptômes de la peur : accélération du pouls, de la respiration, transpiration... toutes manifestations corporelles et vocales de la transe. Ils soumettent leurs propres corps à une panique que les techniques de respiration permettent d’accentuer ou d’atténuer jusqu’à la détente. De cette circulation entre zones de peur et de bien-être, le public n’est pas exempt. Artiste bruiteur, Maarten Van Cauwenberghe règle la synchronisation entre son état et celui des deux interprètes, diffusant sous les sièges une bande-son qui immerge le spectateur. N’ayez crainte cependant, la remontée se fera en douceur !

VOETVOLK VZW / CONCEPTION ET CHORÉGRAPHIE LISBETH GRUWEZ / COMPOSITION, CRÉATION SON ET ASSISTANT À LA CHORÉGRAPHIE MAARTEN VAN CAUWENBERGHE / INTERPRÉTATION LISBETH GRUWEZ, NICOLAS VLADYSLAV / DRAMATURGIE BART VAN DEN EYNDE / COSTUMES VERONIQUE BRANQUINHO / CRÉATION LUMIÈRE HARRY COLE ASSISTÉ DE CAROLINE MATHIEU / SCÉNOGRAPHIE MARIE SZERNOVISZ / RÉPÉTITEUR LUCIUS ROMEO-FROMM / crédit photos DR

Lisbeth Gruwez, ancienne égérie et collaboratrice de Jan Fabre, développe au sein de la compagnie Voetvolk une recherche chorégraphique qui repose sur l’intensité autant que sur la précision du geste dansé. We’re pretty fuckin’ far from okay, spectacle magnétique, est le troisième volet d’un triptyque sur le corps extatique amorcé avec It’s going to get worse... et ah/ha, pièce galvanisante et chorale autour du rire. Lisbeth Gruwez continue ici de sonder les émotions humaines les plus primitives, par le biais notamment d’un travail sur la voix et la respiration. Pour creuser l’expérience de l’angoisse comme une matière physique, la chorégraphe s’associe avec le performeur Nicolas Vladyslav, comédien et mime, qui pense le réel par le biais du corps. Ensemble, ils endossent les symptômes de la peur : accélération du pouls, de la respiration, transpiration... toutes manifestations corporelles et vocales de la transe. Ils soumettent leurs propres corps à une panique que les techniques de respiration permettent d’accentuer ou d’atténuer jusqu’à la détente. De cette circulation entre zones de peur et de bien-être, le public n’est pas exempt. Artiste bruiteur, Maarten Van Cauwenberghe règle la synchronisation entre son état et celui des deux interprètes, diffusant sous les sièges une bande-son qui immerge le spectateur. N’ayez crainte cependant, la remontée se fera en douceur !

DISTRIBUTION

VOETVOLK VZW / CONCEPTION ET CHORÉGRAPHIE LISBETH GRUWEZ / COMPOSITION, CRÉATION SON ET ASSISTANT À LA CHORÉGRAPHIE MAARTEN VAN CAUWENBERGHE / INTERPRÉTATION LISBETH GRUWEZ, NICOLAS VLADYSLAV / DRAMATURGIE BART VAN DEN EYNDE / COSTUMES VERONIQUE BRANQUINHO / CRÉATION LUMIÈRE HARRY COLE ASSISTÉ DE CAROLINE MATHIEU / SCÉNOGRAPHIE MARIE SZERNOVISZ / RÉPÉTITEUR LUCIUS ROMEO-FROMM / crédit photos DR

   

Lisbeth Gruwez commence le ballet classique à l’âge de 6 ans, puis se forme à la danse contemporaine au sein de l’école P.A.R.T.S. Dès 1999, elle travaille avec Jan Fabre dans la compagnie Troubleyn, où elle rencontre le musicien/compositeur Maarten Van Cauwenberghe. Ensemble, ils fondent la compagnie Voetvolk, avec laquelle ils présentent leur première création Forever Overhead, en 2007 puis entament une recherche mêlant composition dansée et musicale, avec une esthétique inspirée du street style. Anarchie et contrôle sont les maîtres-mots de leur recherche. Depuis sa création, Voetvolk a produit sept pièces, du solo à la pièce collective, dont Birth of Prey (2008), HeroNeroZero (2010), ou encore L’Origine (2011) et It’s going to get worse and worse and worse, my friend, qui est toujours dansé. En 2014, la pièce collective AH/HA est créée, puis le solo Lisbeth Gruwez dances Bob Dylan (2015). « La danse comme simple méthode n’est plus suffisante à la création. La danse contemporaine ne peut plus être séparée de la performance dans son sens large. Nous pensons que pour atteindre ce qui doit être dit, tous les aspects de notre pratique physique doivent être envisagés ». Lisbeth Gruwez and Maarten Van Cauwenberghe sont en résidence au Troubleyn/Laboratorium de Jan Fabre à Anvers.

« WE’RE PRETTY FUCKING’FAR FROM OKAY », LE RETOUR DES ENFANTS PRODIGES
On a déjà croisé Lisbeth Gruwez et Maarten Van Cauwenberghe dans la cour d’honneur dans Je suis sang du bouillonnant Jan Fabre. Quant à Lisbeth Gruwez, elle est à tout jamais dans nos mémoires avec Quando l’uomo donna una principale, son solo huileux imaginé pour elle par le même Jan Fabre. Ils reviennent avec un duo stupéfiant qu’elle danse avec Nicolas Vladyslav. Le début du spectacle ne peut que nous rappeler La Chambre, ce film des chorégraphes français Joëlle Bouvier et Régis Obadia, non seulement à cause de la danse fixée sur les chaises, mais aussi à cause de la respiration, ces souffles brusques qui accompagnaient chaque mouvement au point que, pour tous les films de la compagnie, une prise de son spéciale avait lieu en studio pour bien accentuer ces bruits, un peu comme dans la bande son de Maarten Van Cauwenberghe qui dispose en mémoire d’une quantité industrielle de respirations, de souffles qu’il applique à la danse sur scène. Même assis, les danseurs font preuve d’énergie. Les mouvements brusques sont un peu de la nature de ceux qu’on fait pour pousser une mèche de devant ses yeux ou chasser une mouche qui nous agace. Vifs, courts, rapides, énervés, les gestes sont là précis, sans fioriture. Parfois les lumières et les postures sur les chaises, font penser à une toile de Bacon comme ce portrait de George Dyer Talking. Lorsque le mouvement s’accélère, on pense aussi aux Oiseaux de Hitchcock tant la danse traduit une peur, une angoisse… La pièce ne se passe pas assis et les danseurs finissent par se dresser. Ils font quelques portés, avec lenteur. Ils s’accrochent l’un à l’autre, à leurs vêtements, T shirt mouillés de sueur, pantalons. Leurs bouches sont secouées de rictus. Le son est un mélange de cris et de bruits sourds comme lorsqu’on à la tête dans l’eau… Les images et témoignages des derniers attentats nous reviennent en mémoire. Les éléments du décor apparaissent et disparaissent comme par magie et lorsque la lumière des néons arrive au lointain, elle est cachée, petit à petit, par un mur posé de chaque côté du plateau qu’on avait à peine remarqué… Ils finissent par terre dans un duo où ils grattent le sol comme dans Les Raboteurs de parquet de Caillebotte. On sent l’effort. On sent l’obsession à travers les mains qui frottent, qui vont de gauche à droite comme pour creuser, marquer, laisser des traces autour d’eux. Avec ce duo, Lisbeth Gruwez et Maarten Van Cauwenberghe marquent indéniablement des points. On est captivés, presque hypnotisés par toute cette concentration de tensions qui trahit et fait ressentir une peur, une angoisse, une oppression. Tout le travail sur le souffle, la respiration permet de traverser ces états. Nicolas Vladislav est aussi puisant et engagé que Lisbeth Grugez Tout en étant ensemble, ils déploient chacun une partition bien différente faisant penser plus à deux solo-solitude qu’un à un duo fusionnel. Il y a une force réelle dans ce travail, des moments subjuguants où l’on se prend à avoir peur alors que, c’est bien connu, tout va bien en ce bas monde…
Etienne Spaé, Inferno, 21 juillet 2016.

PRÉSENTATION
We’re pretty fuckin’ far from okay travaille les peurs et les angoisses. En choisissant d’installer le public face à un couple de danseurs pris dans un dispositif simple : homme, femme, chaises, couloirs de lumière... Lisbeth Gruwez ne souhaite pas parler du couple mais de l’individu, de ses réactions émotionnelles, psychologiques et physiques quand il ressent de la peur. Par un vocabulaire de gestes inventoriés de nos réflexes naturels et quotidiens, la chorégraphe propose à chacun de se reconnaître et s’identifier. Le point de départ du travail : les films d’horreur d’Alfred Hitchcock et en particulier Les oiseaux car « la peur dont on y parle est irrationnelle. C’est une phobie voire une paranoïa. Et ça résonne fortement dans notre monde actuel ». Par une montée progressive du mouvement, par la sensation continue d’avoir de plus en plus besoin de l’autre, par des nappes sonores qui s’ajustent en temps réel, et par cet acte commun de respirer, la pièce propose une expérience immersive. La peur a cette si grande force de mettre le corps en transe, d’obstruer l’esprit et de le déconnecter « du vouloir et du faire » qu’elle est un terrain de jeu virtuose pour les danseurs. Troisième volet d’une recherche sur le corps extatique, We’re pretty fuckin’ far from okay est cette fois-ci un duo en résonance avec le solo It’s going to get worse and worse and worse, my friend (2012), et la pièce collective AH/HA (2014). Quand il est question aujourd’hui de contrôler l’incontrôlable, est-il vrai que si la pensée se perd, le corps aussi ?
Texte du festival d’Avignon 2016

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE
D'INTÉRÊT NATIONAL
ART ET CRÉATION DANSE