Depuis 1996, année de la création de sa compagnie l’association fragile, Christian Rizzo, chorégraphe-plasticien formé à la villa Arson à Nice et empreint de culture rock, déroule une série de chorégraphies posturales, dans des cérémonies aussi belles que formelles. Avec d’Après une histoire vraie, il renoue avec une danse physique, puisant dans le terreau du folklore méditerranéen.
La pièce se construit sur le souvenir d’une danse traditionnelle interprétée par un groupe d’hommes dans un festival à Istanbul. L’émotion ressentie alors par le chorégraphe a tracé sa route pour dégager un élan chorégraphique qui tient, au-delà des cultures et des codes, à un geste commun. Sur le plateau, une communauté d’hommes se réunit pour un rituel à la fois ancestral et moderne, rythmé par les roulements de deux batteries. La musique jouée en live par les batteurs Didier Ambact et King Q4, aux confins des rythmiques tribales et des sonorités rock psychédélique, offre une zone de tension à la danse que baigne la lumière atmosphérique de Caty Olive. Celle-ci compte pour beaucoup dans cette levée des énergies et des pulsions, dans cette pure gratuité de dépense physique et de plaisir. Car la jouissance d’être en vie, d’être ensemble momentanément, et l’excitation vis-à-vis de la danse sont l’enjeu véritable de la pièce.
Depuis 1996, année de la création de sa compagnie l’association fragile, Christian Rizzo, chorégraphe-plasticien formé à la villa Arson à Nice et empreint de culture rock, déroule une série de chorégraphies posturales, dans des cérémonies aussi belles que formelles. Avec d’Après une histoire vraie, il renoue avec une danse physique, puisant dans le terreau du folklore méditerranéen.
La pièce se construit sur le souvenir d’une danse traditionnelle interprétée par un groupe d’hommes dans un festival à Istanbul. L’émotion ressentie alors par le chorégraphe a tracé sa route pour dégager un élan chorégraphique qui tient, au-delà des cultures et des codes, à un geste commun. Sur le plateau, une communauté d’hommes se réunit pour un rituel à la fois ancestral et moderne, rythmé par les roulements de deux batteries. La musique jouée en live par les batteurs Didier Ambact et King Q4, aux confins des rythmiques tribales et des sonorités rock psychédélique, offre une zone de tension à la danse que baigne la lumière atmosphérique de Caty Olive. Celle-ci compte pour beaucoup dans cette levée des énergies et des pulsions, dans cette pure gratuité de dépense physique et de plaisir. Car la jouissance d’être en vie, d’être ensemble momentanément, et l’excitation vis-à-vis de la danse sont l’enjeu véritable de la pièce.
ASSOCIATION FRAGILE
PIÈCE POUR HUIT DANSEURS ET DEUX MUSICIENS EN LIVE
CONCEPTION, CHORÉGRAPHIE, SCÉNOGRAPHIE ET COSTUMES CHRISTIAN RIZZO
INTERPRÈTES FABIEN ALMAKIEWICZ, YAÏR BARELLI, MASSIMO FUSCO, MIGUEL GARCIA LLORENS, PEP GARRIGUES, KEREM
GELEBEK, FILIPE LOURENÇO ET ROBERTO MARTÍNEZ
MUSIQUE ORIGINALE ET INTERPRÉTATION DIDIER AMBACT ET KING Q4
LUMIÈRES CATY
OLIVE
RÉGIE GÉNÉRALE JÉRÔME MASSON
ARRANGEMENTS SONORES VANESSA COURT
RÉGIE LUMIÈRE ET VIDÉO ARNAUD LAVISSE
RÉGIE LUMIÈRE SAMUEL DOSIÈRE
ADMINISTRATION, PRODUCTION, DIFFUSION BUREAU CASSIOPÉE
CRÉDIT PHOTO MARC DOMAGE
Né en 1965 à Cannes, Christian Rizzo fait ses débuts artistiques à Toulouse où il monte un groupe de rock
et crée une marque de vêtements, avant de se former aux arts plastiques à la villa Arson à Nice. Le hasard
des rencontres le mène sur scène. Dans les années 1990, il est interprète auprès de nombreux
chorégraphes contemporains, signant aussi parfois des bandes sons ou la création des costumes. Ainsi, on
a pu le voir chez Mathilde Monnier, Hervé Robbe, Mark Tompkins, Georges Appaix, puis chez Vera
Mantero, Catherine Contour, Emmanuelle Huynh, Rachid Ouramdane.
En 1996, il fonde l’Association fragile et présente performances, objets dansants et pièces
chorégraphiques en alternance avec d’autres projets ou commandes pour la mode et les arts plastiques.
Depuis, plus d’une trentaine de productions ont vu le jour.
De 2007 à 2012, il est artiste en résidence à l’Opéra de Lille. Il y crée Mon amour et comment dire « ici » ? ;
en 2008, L’oubli, toucher du bois, en 2010, puis Le bénéfice du doute en 2012. En 2009, Christian Rizzo
réalise une pièce pour le Ballet de l’Opéra de Lyon Ni cap, ni grand canyon, et conçoit avec Bernard
Blistène l’exposition Le sort probable de l’homme qui avait avalé le fantôme, à Paris à la Conciergerie dans
le cadre du Nouveau Festival du Centre Pompidou. En 2010, il met en scène trois opéras : Erwartung et
Pierrot lunaire de Arnold Schoënberg et La Voix humaine de Françis Poulenc, une production du Capitole
de Toulouse au TNT – Toulouse. Au japon, il conçoit l’exposition As me as a dog as… - une série de photos
présentée dans le cadre de la Yokohama France Vidéo (Collection 2010 à la Red Brick Warehouse,
commissariat Stephen Sarrazin).
Sur la saison 2010-2011, il est artiste associé à deSingel - Anvers (Belgique) et propose dans ce cadre
expositions, événements et spectacles. Il est artiste/professeur invité au Fresnoy (Studio National des Arts
Contemporains - Tourcoing) et mène également des ateliers de recherche avec la compagnie de l’Oiseau-
Mouche / Roubaix.
Sur la saison 2011-2012, il crée l’installation/performance [Tourcoing - Taipei - Tokyo présentée à l’institut
Franco-Japonais de Tokyo, et met en scène l’opéra Tannhäuser de Wagner, une production du Théâtre du
Capitole de Toulouse.
En 2013, Christian Rizzo crée De quoi tenir jusqu’à l’ombre, une pièce de la compagnie de l’Oiseau-
Mouche – Roubaix, et D’après une histoire vraie pour le Festival d’Avignon. En novembre 2013, il met en
scène Aïloviou, je l’écris comme je le prononce de Didier Galas pour la compagnie Ensemble Lidonnes
(création au festival Mettre en Scène 2013 - Rennes).
Il reçoit le prix de la Chorégraphie SACD 2013.
En 2014, Christian Rizzo et Caty Olive créent Ou pas, une installation vivante spécialement imaginée pour
le Ballet National de Marseille.
Presqu’un portrait
Christian Rizzo, n’est pas homme à se laisser cerner. Il aime le contact avec la vie, émouvant fugace,
orchestré ou imprévu. Son travail multiplie les approches mais pas l’appropriation. L’artiste préfère creuser
ses thèmes, dont certains sont presque des obsessions. Des corps dansants qui semblent immatériels
(100% polyester), voire hantés, des sculptures de chair ou d’étoffe qui évoluent en tourbillon (Ni fleurs, ni
Ford Mustang, créé pour le Ballet de l’opéra de Lyon) ou dans l’espace de déserts fertiles (mon amour), là
ou peuvent surgir d’étranges visages, des marches subtiles, des phrasés elliptiques.
Econome jusqu’à privilégier une forme particulière de minimalisme et paradoxalement fastueux jusqu’à
l’extravagance. Il est avant tout un voyageur, un amateur d’objets et de musique, un amoureux des corps,
du mouvement. On le retrouve souvent là où quelque chose peut se tramer entre les arts et les êtres. A quoi
l’on pourra reconnaître sa marque. Plus qu’un style, une écoute, une vision. Le regard est pour lui une porte
à ouvrir en grand, par où voir autrement. Le monde à sa façon semble tout droit sorti d’un laboratoire des
curiosités. On y trouve autant de flou que de haute définition. Ses défilés de corps hybrides, ses marches
de personnages masqués sont autant d’énigmes que d’histoires souterraines. Elles convoquent suspens et
phénomènes hallucinatoires.
Entre baroque et abstraction, Christian Rizzo tresse les motifs d’une intrigue, qui puise dans les
profondeurs de l’intime et de l’inconscient, revisite les archétypes et les rituels, marchant main dans la
main, dans le silence avec les rêves. Avec adresse et beaucoup d’intuition, ce propos s’ancre entre mesure
et démesure.
Après avoir fait part de son intérêt premier pour l’espace et les corps, le chorégraphe s’est dernièrement
recentré sur l’enjeu de l’écriture. Certaines de ses remarques contribuent à définir sa posture envers la
danse : « Gymnastique, boîte de nuit, selon moi, être en mouvement, c’est déjà de la danse. Bien sûr, un
spectacle peut se contenter de montrer les matériaux trouvés, de mettre en scène ces danses, mais ce
n’est pas de la chorégraphie. Ecrire une pièce, c’est autre chose. En ce qui me concerne, je considère que
j’écris des corps dans l’espace, autrement dit du mouvement spatial dont la danse serait en quelque sorte
la ‘parole‘ ».
Au fil des pièces créées, on découvre chez lui, comme chez certains peintres ou plasticiens, des périodes
particulières avec des oeuvres qui intègrent des temps de passage, des transitions, voire des mues vers
d’autres modes opératoires qui sont à nouveau questionnés dans les projets suivants.
Pour l’artiste, il s’agit toujours d’une aventure incroyable qui s’enrichit aujourd’hui de la possibilité de
travailler sur la durée. Il peut désormais compter sur la dizaine d’année de fidélité avec certains
collaborateurs, qui ont pris une part importante dans l’évolution du travail : autour du son, Gérôme Nox, de
la lumière, Caty Olive, et de la danse avec différents interprètes.
Le traitement électronique ou instrumental des musiques tout autant que la présence live des musiciens,
l’improvisation ou l’élaboration de paysages sonores, avec ou sans mélodies, montages, mixages, sont
partie intégrante de ces environnements souvent composés de basses fréquences.
La singularité des lumières – du concept à l’architecture, entre vibration et légèreté, découpe et mobilité –
contribue aussi fortement à la puissance du style qui caractérise le travail. Irene Filiberti
Avec D’après une histoire vraie, le chorégraphe assume son désir de mouvements.
On avait rencontré Christian Rizzo quelques semaines avant Avignon : il était à la fois tendu – un danseur
blessé à remplacer, des répétitions à foison – et apaisé par ce projet à mener à bien. Ce soir de juillet, au
Gymnase Aubanel, après une nouvelle représentation couronnée de succès, on a compris le paradoxe
Rizzo. Celui d’un homme souvent hors cadre dans le milieu danse, et l’échec de sa nomination au CCN
Roubaix va dans ce sens, et tout à la fois héros discret de cette histoire contemporaine qui s’écrit depuis ce
tournant du siècle. Il y a des pièces de Christian Rizzo que l’on a oubliées et d’autres qui nous
accompagnent comme ce Ni fleurs, ni ford mustang ou Autant vouloir le bleu… D’après une histoire vraie ne
nous quitte pas depuis deux jours, c’est bon signe.
Ce spectacle repose sur les traces d’un souvenir, celui né de la vision de danseurs traditionnels durant un
spectacle dans un festival à Istanbul. Rizzo a gardé cela en mémoire jusqu’au jour où il a trouvé la force
d’en découdre. Sur un plateau vite dépouillé, comme une esquisse des Rizzo d’avant, une communauté
d’hommes très bruns et pour certains très barbus se réunit pour un rituel ancestral et moderne à la fois. Au
son de deux batteries, rythme furieux comme une délivrance, ils vont imaginer un parcours de danse
puisant dans ces folklores du bassin méditerranéen. Soit une guirlande de gestes et de caresses, des sauts
et des duos d’une force peu commune. Christian Rizzo semble retrouver cet instinct de chorégraphe dans
les rondes répétées, les cercles brisés. La progression finira dans un cri, lâché comme un assaut final.
D’après une histoire vraie est tout à la fois une mécanique de précision et un ouvrage ciselé et sensible.
Non pas qu’il y ait des tentatives de rapprochements entre les solistes – quoique – mais on sent le plaisir
d’être simplement ensemble. La danse, c’est aussi ce partage du vivant.
Les Inrocks.com, Philippe Noisette, le 10 juillet 2013.
En 2004, à Istanbul, le chorégraphe Christian Rizzo est témoin d’un spectacle dans lequel surgit un groupe
d’hommes qui exécute une danse folklorique très courte et disparaît aussitôt. " Une émotion profonde,
rapporte-t-il, presque archaïque, m’envahit. Était-ce leur danse ou le vide laissé par leur disparition qui m’a
bouleversé ? Bien que floue, cette sensation est restée depuis ancrée en moi. "
Elle resurgit aujourd’hui dans D’après une histoire vraie, qui mêle le populaire et le contemporain, le folk et
le sacré - ce qui n’a rien d’incompatible, comme la chorégraphie le démontre.
(…) De ce qu’on sait des danses turques, comme d’ailleurs de la plupart des danses traditionnelles, elles
sont guerrières, les paumes des mains étant tournées vers le ciel non pour accueillir la parole de Dieu mais
pour porter un sabre. Du tribal, Christian Rizzo a retiré le rituel, qu’il tient parfaitement à distance, préférant
sans doute le psychédélique à la transe.
Les huit hommes danseurs embarqués dans l’Histoire vraie commencent au sol, levant la jambe lentement
comme un danseur folk pourrait le faire sur ses pattes. Puis, ils se séparent, se retrouvent, comme le
souvenir de Rizzo séparé puis retrouvé avec la danse initiale turque qui l’a emporté. Les entrées et sorties
sont effacées et pourtant sources de curiosité, à l’image des lumières de Caty Olive qui éclairent les scènes
ou les assombrissent comme si des nuages passaient dans le ciel.
Quant à la danse elle-même, elle est judicieuse, faite de pas (enfin des pas et non des concepts de pas), de
sauts, de jubilations. Les hommes ici se donnent la main de multiples façons, se prennent par l’épaule,
s’observent, mais ne se toisent jamais. Les lignes, les ponts, les solos aussi, chers aux danses
traditionnelles, sont mis en relief. En couleurs jean déclinées jusqu’au gris (le grand chic de Christian Rizzo,
qui signe également les costumes), les danseurs frappent le sol comme pour mieux s’élever, à la manière
des Basques. La chorégraphie se déploie autant à l’horizontale qu’à la verticale. On est conquis. Normal :
ce sont des danses guerrières. Mais pas seulement.
Dans cette communauté masculine, Christian Rizzo trouve moyen de faire des hommes des aimants. Il ne
s’agit pas seulement de défendre ou de conquérir un territoire, mais de vivre ensemble, de se secouer
ensemble. (...) A Avignon, Christian Rizzo a enfoncé le clou de la parité avec 10 hommes qui s’embrasent
pour une danse totalement abstraite, dénuée d’esprit communautaire, décomplexée. Il est un conquérant
de l’amour et sa danse non mixte appelle la femme. De toute la force des paumes ouvertes qui ont lâché le
sabre.
Libération, Marie-Christine Vernay, 10 juillet 2013.
D’après une histoire vraie, le nouveau spectacle du chorégraphe Christian Rizzo, pour huit
interprètes et deux musiciens live, déborde d’énergies.
Tête baissée, cheveux dans les yeux, mains derrière le dos. _ Drôle de danse que celle du chorégraphe
Christian Rizzo dans sa nouvelle pièce pour huit interprètes et deux musiciens live D’après une histoire
vraie, présentée dimanche 7 juillet, au gymnase du lycée Aubanel ! Intériorisée mais pas nombriliste,
refermée sur elle-même mais pas autiste, elle se concentre sur son geste, se ramasse comme un boxeur
prêt à bondir.
Et pourtant, cette danse, qui ne semble pas chercher le contact, encore moins l’approbation du public,
réussit insensiblement à basculer dans le camp des spectateurs. Ou le contraire, ou les deux à la fois. Ça
communique. A coups de bras qui entourent une épaule, de rondes vite faites aussitôt défaites, de
guirlandes la main dans la main, de pas de bourrée à droite et de ruades à gauche, les huit danseurs – rien
que des hommes – nous entraînent dans ce qui finit par ressembler à une rave rock néo-tradi. Et lorsque les
deux batteurs déchargent des rafales de percussions qui prennent les tripes et les retournent sec, l’affaire
est dans le sac.
(…) Des bribes de mouvements incongrus, résidus de gestes anciens comme inscrits dans les gènes,
éclatent à la surface des corps. Jamais longtemps, souvent l’espace de quelques pas, ils perturbent et
contaminent la chorégraphie comme une montée de fièvre irrépressible. La brèche est ouverte et le désir de
transe saura profiter de ce retour de manivelle du folklore populaire.
Qu’est-ce que ça danse dans D’après une histoire vraie ! (…) Les deux batteries posées côte à côte sur une
estrade comptent pour beaucoup dans cette levée des énergies et des pulsions. Frappes sèches,
répétitives, binaires, pour retrouvailles avec la pure gratuité de la dépense physique et du plaisir. La solitude
du danseur propre à Rizzo n’est plus qu’un souvenir dans ces mêlées presque sportives, ces grappes
d’hommes qui se soutiennent et font corps pour danser ensemble. (…) Même si, régulièrement, un corps
allongé rappelle les motifs de la chute et de la mort obsessionnels chez Rizzo, c’est la jouissance d’être en
vie, celle d’être ensemble momentanément, l’excitation viscérale de la danse, qui priment et l’emportent.
Seules les lumières ombrageuses de Caty Olive, partenaire de création de Rizzo depuis 1999, continuent à
balayer le plateau.
(…) Avec D’après une histoire vraie, Christian Rizzo se fait le chantre d’un nouveau rituel de danse
contemporaine traditionnelle en jean et pieds nus.
Le Monde, Rosita Boisseau, le 10 juillet 2013.
Note de Christian Rizzo
En 2004, à Istanbul. À quelques minutes de la fin d’un spectacle auquel j’assiste, surgit comme de nulle
part une bande d’hommes qui exécute une danse folklorique très courte et disparaît aussitôt. Une émotion
profonde, presque archaïque, m’envahit. Était-ce leur danse ou le vide laissé par leur disparition qui m’a
bouleversé ? Bien que floue, cette sensation est restée depuis ancrée en moi.
Le point de départ de ce nouveau projet est la réminiscence ou plutôt la recherche de ce que ce souvenir a
déposé en moi. Je n’éprouve pas d’intérêt à recréer une danse pré-existante, mais plutôt à comprendre
pourquoi j’ai éprouvé une telle empathie à la fois pour ce moment précis et pour cette danse et comment
cet impact est encore aujourd’hui vibratoire. Il s’agirait donc de remonter le cours de ma mémoire pour
inventer le socle d’une écriture abstraite où de possibles bribes fictionnelles viendraient se loger en creux.
Accompagné de huit danseurs et de deux musiciens, je cherche un espace où le mouvement et sa relation
à la musique se jouent des catégories "populaires" et "contemporaines". J’imagine une danse prenant
appui sur des souvenirs de pratiques folkloriques qui viendrait frictionner avec mon goût pour la chute et le
toucher, permettant à chacun de tenir grâce à la présence de l’autre, à son contact immédiat.
L’observation factuelle et décontextualisée des mouvements et systèmes de composition souvent
communs entre plusieurs danses (plus particulièrement masculines et méditerranéennes) m’offre le terrain
idéal pour questionner à nouveau les notions de communauté.
Comment faire groupe à un moment donné ? Être ensemble, pour une forme n’appartenant à aucun
territoire ou groupe déterminé, penser une danse collégiale qui creuse le sol en même temps qu’elle
cherche l’élévation. Partie intégrante du projet, j’ai confié l’écriture musicale (et son interprétation en live)
aux batteurs/compositeurs Didier Ambact et King Q4. Deux batteries donc, aux confins de rythmiques
tribales et sonorités rock psychédélique, qui entretiendront une relation entre dialogue et "battle" pour offrir
une zone de tension à la danse et à la lumière atmosphérique de Caty Olive.
Juin 2013.