Justine Macadoux et Coralie Maniez, les deux auteures-interprètes de Géométries du dialogue, explorent depuis plusieurs années les possibilités de langage permises par les boites noires aux faces en ardoise qu’elles portent comme des masques. Ces objets permettent de déployer un récit porté par un dessin évolutif, réalisé partiellement à vue par les interprètes elles-mêmes, mais également de mettre en jeu les corps au plateau. La pièce explore une succession de situations de la vie quotidienne, d’une relation mère-fille faite d’affection, de brouilles, de rire. Nikki est une petite fille sans visage. Une boite noire, support à toutes les rêveries. Née du flou, elle est délicate, sensible, timide et aime dessiner. Elle pourrait être un phasme, une éponge, une fenêtre. Elle se fond et s’efface. Elle observe sa mère se maquiller, faire émerger du néant un visage immuable, une identité composée d’éléments distinctifs. Au fil d’épisodes parfois cocasses, parfois dramatiques, Nikki va à son tour « s’inventer » son visage, gagnant à chaque étape un élément distinctif qui la définit. Les deux interprètes, formées aux arts appliqués, au clown et au mime pour la première, au masque, à l’audiovisuel et à la scénographie pour la seconde, griffonnent à la craie, dessinent, révèlent un visage d’un coup d’éponge magique, le tout dans un langage musical approximatif qui évoque la bande son de certains films de Jacques Tati.
Spectacle créé en 2018 / Production Ballet Cosmique / Avec l’aide à la production du Ministère de la Culture, DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, de la Région Auvergne-Rhône- Alpes, de la SPEDIDAM / Coproduction TJP – CDN de Strasbourg, Théâtre à la Coque (Hennebont) dans le cadre d’un compagnonnage, le Sablier - pôle des arts de la marionnette en Normandie (Ifs/Dives-sur- Mer), Théâtre le Passage – scène conventionnée théâtre et objets (Fécamp), l’Espace Périphérique (Mairie de Paris – Parc de la Villette) / Avec le soutien de la Minoterie – création jeune public et éducation (Dijon), la BatYsse – lieu dédié aux arts de la marionnette (Pélussin).
Justine Macadoux et Coralie Maniez, les deux auteures-interprètes de Géométries du dialogue, explorent depuis plusieurs années les possibilités de langage permises par les boites noires aux faces en ardoise qu’elles portent comme des masques. Ces objets permettent de déployer un récit porté par un dessin évolutif, réalisé partiellement à vue par les interprètes elles-mêmes, mais également de mettre en jeu les corps au plateau. La pièce explore une succession de situations de la vie quotidienne, d’une relation mère-fille faite d’affection, de brouilles, de rire. Nikki est une petite fille sans visage. Une boite noire, support à toutes les rêveries. Née du flou, elle est délicate, sensible, timide et aime dessiner. Elle pourrait être un phasme, une éponge, une fenêtre. Elle se fond et s’efface. Elle observe sa mère se maquiller, faire émerger du néant un visage immuable, une identité composée d’éléments distinctifs. Au fil d’épisodes parfois cocasses, parfois dramatiques, Nikki va à son tour « s’inventer » son visage, gagnant à chaque étape un élément distinctif qui la définit. Les deux interprètes, formées aux arts appliqués, au clown et au mime pour la première, au masque, à l’audiovisuel et à la scénographie pour la seconde, griffonnent à la craie, dessinent, révèlent un visage d’un coup d’éponge magique, le tout dans un langage musical approximatif qui évoque la bande son de certains films de Jacques Tati.
Compagnie Juscomama / Conception et interprétation Justine Macadoux et Coralie Maniez / Accompagnement à l’écriture François Hien / Accompagnement à la mise en scène Benjamin Villemagne / Création et régie son Antoine Aubry / Régie générale-lumière Michaël Philis, en alternance avec Benoît Bregeault / Construction décor Quentin Lugnier / Administration de production et diffusion Nicolas Ligeon / Diffusion internationale My-Linh Bui / Crédits photos Nicolas Ligeon
Justine Macadoux
Après s’être formée en sculpture aux arts appliqués (Olivier de Serres, Paris), elle se dirige, par le biais du clown et du mime, vers la marionnette. Elle suit la formation de l’ESNAM de Charleville Mézières (8ème promotion). Elle travaille depuis comme interprète (avec Jean-Pierre Larroche, Alice Laloy, Renaud Herbin, Claire Dancoisne) et construis également avec le collectif Mazette ! (pour Alice Laloy, Sylvain Maurice, Simon Delattre).
Coralie Maniez _Après une formation en audiovisuel (BTS montage et master cinéma Paris III), elle rejoint le théâtre en suivant divers stages dans les domaines du masque, de la marionnette et de la scénographie. Elle intervient en tant que peintre sculpteur aux ateliers décor de la MC 93 de Bobigny (pour l’Opéra de Pékin, le magicien Abdul Alafrez, le violoniste Ami Flammer). Elle construit des marionnettes et accessoires (pour la Cie Philippe Genty, Cie Bouche à Bouche, Le collectif Mazette !) et travaille parallèlement en tant que metteure en scène et marionnettiste (avec Emilie Chevrillon, Cécile Vitrant, Alan Payon, Natyelli Mora).
Cubisme de comédie
Elles ont fait l’ouverture d’un spectacle de marionnettes des Nuits de Fourvière, avec une version allégée de leurs Géométries du dialogue. Présenté seul et dans son entièreté, ce spectacle pour enfants de Justine Macadoux et Coralie Maniez, aussi inattendu qu’intéressant, gagne en lisibilité et en profondeur.
Elles sont deux jeunes femmes sur la scène à étendre sur des cordes à linge des peintures encore toutes fraîches. Comme si le public n’était pas encore installé. Le spectacle, en effet, fait la part belle aux arts plastiques, mais aussi aux souvenirs d’été avec la mère qui étend les draps au grand air, avec douceur et gaîté, comme lorsqu’on barbouillait sur de grandes feuilles avec un immense tablier protecteur.
Puis Les Géométries peuvent commencer. Les deux comédiennes se coiffent de cubes noirs en carton qui cachent leur visage tout en dévoilant leurs pensées, leurs visions et leurs sentiments. Qui sont-elles ? Deux soeurs ? Deux petites filles ? Une mère et sa fille ? Elles interprètent une succession de situations de la vie quotidienne, de relations personnelles faites d’affection, de brouilles et de rires à partir de tableaux très évocateurs.
Car sur ces écrans noirs, avec une dextérité et une ingéniosité incroyables, elles dessinent des paysages, des visages, apparemment à l’envers et les yeux « bandés ». Ainsi transformées en masques d’un genre contemporain, sortis d’un tableau de Picasso, elles peaufinent aussi leurs histoires par des postures évocatrices. Elles nous présentent de drôles de corps. À qui sont ces mains ? À qui ces jambes ? Difficile de s’y retrouver dans ces croisements mystérieux.
Comme pouvait le suggérer leur titre, ces Géométries du dialogue tirent finalement volontiers vers l’abstraction. Elles s’inscrivent dans une forme mixte qui tient du mime, du masque, du jeu, de la marionnette et des beaux-arts, sans être austères ni prétentieuses pour autant. Au contraire, elles fleurent bon l’herbe coupée, les chamailleries et les chatouilles. Elles en disent long sur le plaisir de créer, de se déguiser et de se cacher, bref : de jouer la comédie !
Trina Mounier, Lestroiscoups.fr, novembre 2018.
Les petites géométries n°1
Deux personnages portent chacun, en lieu et place de leur tête, une boîte noire. Un masque à quatre faces en ardoise, qui leur permet de dessiner à la craie graffitis, ébauche d’un ciel étoilé, d’une ville en noir et blanc ou d’un paysage coloré, qui se changent en visages… Les images se transforment à vue, accompagnées de voix amplifiées et d’effets sonores, de gestes précis, signifiants. Les deux auteures-interprètes, Justine Macadoux et Coralie Maniez, utilisent à la fois le jeu masqué, le langage du corps et l’image animée pour cette évocation de la relation humaine à géométrie variable. Une belle performance d’échange non verbal et pourtant poétique, animé et graphique, qui offre une multiplicité de lectures possibles. Des « variations cubiques » pour les tout-petits.
Françoise Sabatier-Morel, Télérama, avril 2019.
Deux boites noires et une folle ingéniosité
C’est ce qui s’appelle un trésor ! Avec Les Géométries du dialogue, Justine Macadoux et Coralie Maniez ont créé (l’été dernier) un spectacle doux et délicat avec trois fois rien techniquement mais une dose de talent indéniable. Membres du collectif Mazette !, elles on été formées en arts appliqués, sculpture, mime, clown pour la première, audiovisuel, masque et décor pour la seconde et toutes deux ont approché les marionnettes. Ici, elles ne parlent pas mais s’affublent d’une boite noire carrée sur la tête avec un micro caché pour quelques borborygmes : elles ont cinq faces chacune à explorer pour faire grandir leurs personnages. Gribouiller un visageà la craie le fait apparaitre angoissé et lui dessiner des lunettes lui permet soudain de voir nettement un paysage de mer et de place. Les deux artistes, en utilisant soit des planches vierges et noires soit des tableaux déjà réalisés qu’elles révèlent d’un coup d’éponge, ouvrent une multitude de possibles. La timidité (effacer les seins crayonnés sur le tee-shirt), la féminité (se maquiller), l’apprentissage à l’école (des additions posées sur ces tableaux noirs) et aussi la mort (magnifique visage de vieille personne qui disparaît sous les coups de pulvérisation fine d’eau) : c’est toute une vie qui défile en une heure pendant qu’en fond de scène le décor se construit avec la juxtaposition, sur un fil avec des pinces à linge, des planches crayonnées extraites des côtés des boîtes. A mille lieues des effets 3D et autres hologrammes, ce jeune duo signe un spectacle aussi merveilleux que mélancolique.
Nadja Pobel, Théâtre(s), décembre 2018.
Les Géométries du dialogue est un spectacle tout public. C’est à dire qu’il a été écrit pour parler au plus grand nombre sans attentions particulières pour les enfants et adolescents. Il raconte l’histoire d’une jeune femme. Comment elle est devenue ce qu’elle est. Comment elle s’est figée dans son identité. Et comment elle apprend peu à peu à y réintroduire de la souplesse... Les boites noires sont à la fois la représentation littérale de Nikki et des membres de sa famille, et une métaphore de leur rapport à leur propre identité. Ce spectacle sans parole, à la fois concret et existentiel, tient autant de la performance de plasticiennes que d’un récit d’initiation narrativement charpenté : l’histoire d’une construction et d’une déconstruction.
Synopsis
Nikki est une petite fille sans visage. Une boite noire, support à toutes les rêveries. Née du flou, elle est délicate, sensible, timide et aime dessiner. Elle pourrait être un phasme, une éponge, une fenêtre, elle se fond, s’efface. Elle observe sa mère se maquiller, faire émerger du néant un visage immuable, une identité composée d’éléments distinctifs. Au fil d’épisodes parfois cocasses, parfois dramatiques, Nikki va à son tour « s’inventer » son visage, gagnant à chaque étape un élément distinctif qui la définit. Le récit s’articule autour de la relation mère fille à travers plusieurs générations de femmes et suivant la chronologie identitaire de Nikki, de l’âge d’enfant à l’âge adulte. La relation de la mère de Nikki à sa propre mère trouve une résonance dans celle de Nikki et sa mère, plus tard. La mère, dans son parcours graphique, se fige ; elle finira, au contact de sa fille à retrouver une liberté de contours. Ainsi, la pièce déploie un double parcours, centré autour de Nikki et sa mère : d’un côté, la jeune Nikki conquiert son visage, et se trouve tout en perdant une part d’elle-même ; de l’autre côté, sa mère, engoncée dans une identité devenue prison, réintroduit du jeu dans son existence. Les deux femmes se rejoignent dans une scène finale ; réconciliées avec elles-mêmes, elles apprennent à s’assumer sans se rigidifier...
Dessin en direct
Coralie Maniez et Justine Macadoux, les deux auteures-interprètes du spectacle, explorent depuis plusieurs années les possibilités du langage permis par les boites noires, aux faces en ardoise, qu’elles portent comme des masques. Ces objets permettent de déployer un récit porté par un dessin évolutif, réalisé partiellement à vue par les interprètes eux-mêmes, mais également de mettre en jeu les corps au plateau. Cette double écriture, physique et graphique, se révèle particulièrement féconde : elle permet de raconter des événements à la fois très concrets, mais dont la dimension existentielle ou métaphysique est immédiatement lisible.
Sonorisation
Les deux interprètes ont chacune un micro caché dans la boîte, qui leur permet d’accompagner vocalement leur personnage. La pièce ne comporte pas de mots directement audibles, mais chaque personnage a sa prosodie, c’est à dire une musicalité dans l’intonation, un timbre de voix qui le rend reconnaissable et participe à sa caractérisation impressionniste. Pour travailler ces voix qui font comprendre tant de choses sans jamais se rendre totalement intelligibles, nous nous inspirons de certains films de Jacques Tati. Certains moments nécessitent l’ajout d’effets sonores en direct, travestissant certaines voix, ajoutant une acoustique ou créant des boucles permettant les superpositions (notamment dans la dernière scène, où les deux interprètes créent une polyphonie par la juxtaposition progressive de diverses lignes musicales).
Scénographie
La scénographie du spectacle a pour but de mettre en valeur son aspect performatif : ce que nous voyons, ce sont deux interprètes qui créent à vue une sorte de roman graphique incarné. La dimension artisanale du spectacle, et le fait que la plupart des dessins soient réalisés à vue, sont des éléments mis en valeur. Un atelier est présent dans un coin de la scène, auprès duquel les interprètes réalisent certains éléments des scènes à venir. Le décor est volontairement neutre, pour laisser aux boîtes la possibilité d’être ellesmêmes le décor. En effet, les boîtes ont un statut complexe : parfois visage de personnages, parfois éléments de contexte, elles sont mobilisés de manière polysémique ; chaque glissement d’un statut à un autre est pensé de telle sorte à préserver une certaine limpidité de récit.