L’Ensemble 0 redonne vie à Tower of Meaning, chef-d’œuvre instrumental du compositeur Arthur Russell initialement écrit pour la pièce Médée de Bob Wilson au début des années 80. Une pépite offerte à notre curiosité dans un véritable concert-spectacle.
Fondé en 2004 sous l’impulsion de Sylvain Chauveau, Stéphane Garin et Joël Merah, l’Ensemble 0 défriche un répertoire contemporain à la fois exigeant et accessible. Jouant la carte de l’audace, il fait circuler ces œuvres sous des formes toujours inventives pour les rendre vivantes. L’arrivée du compositeur, chanteur et multi-instrumentiste américain Peter Broderick a permis d’adjoindre à Tower of Meaning certaines chansons inédites de Russell orchestrées pour grand ensemble. « Give It to the Sky » qui donne son titre au projet, notamment. Dans un équilibre parfait des sonorités, la voix de Peter Broderick contrebalance la matière nébuleuse de cette musique qui fait fi de la gravité comme de l’apesanteur. Pour ce concert, répété et créé à Espaces Pluriels, la créatrice lumière Caty Olive accompagne les musiciens avec la participation dramaturgique de son complice le chorégraphe Christian Rizzo. Ils font de cette performance un objet scénique à la croisée du concert et de l’installation lumineuse. Zéro faute !
CRÉATION 2023 — COPRODUCTION ESPACES PLURIELS
Le clip Give it to the sky tourné au Théâtre Saragosse
La playlist
Production Ensemble 0 En coproduction avec La MÉCA – OARA, La Scène Nationale du Sud-Aquitaine (Bayonne, Boucau, St Jean-de-Luz), le TAP - Théâtre Auditorium de Poitiers Scène nationale, Tandem - Scène nationale Arras-Douai, le Théâtre des Quatre saisons - Scène conventionnée d’intérêt national art et création de Gradignan, Espaces Pluriels Scène conventionnée d’intérêt national Art et création - Danse - Pau, La Soufflerie Scène conventionnée d’intérêt national art et création de Rezé. // Ensemble 0 reçoit le soutien de la DRAC Nouvelle Aquitaine, du Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques, de la Maison de la Musique Contemporaine
L’Ensemble 0 redonne vie à Tower of Meaning, chef-d’œuvre instrumental du compositeur Arthur Russell initialement écrit pour la pièce Médée de Bob Wilson au début des années 80. Une pépite offerte à notre curiosité dans un véritable concert-spectacle.
Fondé en 2004 sous l’impulsion de Sylvain Chauveau, Stéphane Garin et Joël Merah, l’Ensemble 0 défriche un répertoire contemporain à la fois exigeant et accessible. Jouant la carte de l’audace, il fait circuler ces œuvres sous des formes toujours inventives pour les rendre vivantes. L’arrivée du compositeur, chanteur et multi-instrumentiste américain Peter Broderick a permis d’adjoindre à Tower of Meaning certaines chansons inédites de Russell orchestrées pour grand ensemble. « Give It to the Sky » qui donne son titre au projet, notamment. Dans un équilibre parfait des sonorités, la voix de Peter Broderick contrebalance la matière nébuleuse de cette musique qui fait fi de la gravité comme de l’apesanteur. Pour ce concert, répété et créé à Espaces Pluriels, la créatrice lumière Caty Olive accompagne les musiciens avec la participation dramaturgique de son complice le chorégraphe Christian Rizzo. Ils font de cette performance un objet scénique à la croisée du concert et de l’installation lumineuse. Zéro faute !
Musiques Arthur Russell — Direction artistique Peter Broderick et Ensemble 0 — Direction musicale Julien Pontvianne — Scénographie lumière Caty Olive — Conseil à la dramaturgie musicale Christian Rizzo — Voix, violon, guitare Peter Broderick — Cor Pandora Burrus — Harmonium, radios, revox, ebows Sylvain Chauveau — Euphonium Vianney Desplantes — Piano, claviers Jozef Dumoulin — Percussions Stéphane Garin — Flûtes Júlia Gállego Ronda — Percussions Amélie Grould — Viole de gambe Barbara Hünninger — Violon Tomoko Katsura — Tuba Fanny Meteier — Saxophone Julien Pontvianne — Régie générale Alexandre Maillet — Régie son Lucas Pizzini — Régie scénographie lumière Manuella Rondeau — Direction de production Nicolas Michamblé — Diffusion Marthe Lemut — Crédit photo Ensemble 0
Arthur Russell (1951 - 1992)
Il aimait les signatures rythmiques irrégulières, les secrets cachés dans les interstices, les accidents. Il recherchait moins l’efficacité immédiate que les bonheurs musicaux fugaces qui se nichent dans les formes musicales les plus instables, les mosaïques abîmées, les répétitions tronquées. Ainsi, on ne peut s’empêcher, avec le recul et l’exégèse de ses œuvres révélées sur le tard, de lire une adéquation entre son succès chancelant et sa musique, rarement rétive dans le propos ou l’exécution mais perpétuellement instable dans ses formes et sa poétique.
Olivier Lamm, Libération, 2015
L’ensemble 0
ensemble 0 [âsâble zéro] n. m. Ensemble de musique d’aujourd’hui, piloté par Stéphane Garin et Sylvain Chauveau, interprétant des pièces de compositeurs essentiellement actuels ainsi que les compositions de ses membres. Fonctionne avec de nombreux collaborateurs et collaboratrices.
L’année zéro de l’ensemble 0, c’est 2004, quand quatre ami.e.s décident d’assembler un véhicule pour les musiques du temps présent, essentiellement acoustiques. Un véhicule léger et adaptable à l’envi, à géométrie et géographie variables (les membres de l’ensemble ont toujours vécu dans des villes et des pays différents, entre France, Catalogne et Belgique).
Le zéro, en cartographie, c’est le niveau de référence à partir duquel sont complétées les altitudes. Autant dire : là où se dresse le champ des possibles. Selon la direction choisie, les compositions défrichées ou déchiffrées, les musiciens et instruments mobilisés, l’ensemble 0 joue sur une étonnante variété de reliefs. Avec d’abord ses propres compositions, portées notamment par un trio qui est comme le cœur battant du collectif : Sylvain Chauveau (guitare acoustique, glockenspiel), Stéphane Garin (percussions métalliques) et Joël Merah (guitare acoustique). Ensuite avec un répertoire contemporain, où l’ensemble s’étoffe en fonction des besoins de chaque œuvre. L’ensemble 0 peut jouer du Moondog, du Julius Eastman ou du Ligeti mais a une vraie inclinaison pour les compositeurs et compositrices vivant.e.s, comme Tristan Perich, Michael Pisaro ou Rachel Grimes.
Zéro complexe face à la complexité. A la fin des années 90, une compilation réunissant la fine fleur des musiques différentes (le rock dit post ou l’electronica) s’intitulait Musique facile pour gens difficiles. Vingt ans plus tard, l’ensemble 0 pourrait reprendre la formule à son compte mais aussi la retourner comme un gant. Son répertoire oscille entre les différentes pentes du minimalisme : par endroit douces et délicates (comme les pièces de son Soñando de 2013) mais ailleurs parfaitement vertigineuses (comme les spirales sans fin du Open Symmetry de Tristan Perich). Et c’est alors de musique difficile pour gens faciles, aux oreilles ouvertes et curieuses, dont il faudrait parler.
Le risque zéro existe, c’est celui que prend l’ensemble depuis ses débuts pour faire vivre des musiques contemporaines exigeantes et accessibles, jouer la carte de l’audace. A l’image d’un geste inaugural aux allures de manifeste : en 2006, sur son premier disque, l’ensemble 0 ne jouait pas une seule note, pas un seul son : l’album compilait cinq versions du mythique 4’33" de John Cage, enregistrées dans cinq lieux différents (intérieurs, extérieurs). Sans doute le premier disque au monde à n’être composé que de cette pièce. Avec, comme il se doit, un boîtier CD transparent. Zéro faute.
Plus que zéro : l’ensemble déploie également sa curiosité sous des formes radiophoniques. En ondes moyennes et en ligne avec des mixes mensuels parfois réalisés par des invités. Mais aussi dans la vraie vie et plus précisément la nuit et au sol, avec nuit#couchée, un événement annuel dédié à l’écoute et à la création radiophonique.
Peter Broderick Né en 1987 dans l’Oregon (Etats-Unis), Peter Broderick est un compositeur et multi-instrumentiste qui voyage autour du monde, se produisant en solo et avec divers ensembles, notamment durant une période de 5 ans au sein du célèbre groupe danois Efterklang. Allant du classique contemporain au folk, ses compositions originales ont été créées pour une grande variété de projets, des films à la danse contemporaine. Ses nombreux enregistrements ont été publiés sur des labels prestigieux tels que Erased Tapes et Bella Union. Il vit actuellement dans l’ouest de l’Irlande.
Le 27 avril 2019, l’ensemble 0 s’est produit sur la scène du Lieu Unique (festival Variations) pour la première française de Femenine, oeuvre extatique du musicien afro-américain Julius Eastman. En première partie de programme, presque en aparté, nous donnions un extrait de la composition d’Arthur Russell, Tower of meaning (la pièce dans sa version discographique originale contenant 7 extraits ). Échappant à la pulsation et à l’influence pop qui ont traversé la quasi-totalité de ses autres musiques, Tower of meaning est devenu pour nous ce soir là une évidence : celle de redonner vie à ce chef-oeuvre méditatif, pierre angulaire et unique dans la carrière trop courte d’Arthur Russell. En tissant peu à peu les fils qui allaient dessiner les contours de ce projet, l’arrivée de Peter Broderick au sein de l’équipe a amplifié plus avant notre excitation et nos curiosités en nous donnant accès aux archives totalement inédites du compositeur américain. Nous allons non seulement re-interpréter Tower of meaning dans son intégralité sur scène, délesté de son contexte dramatique originel (Médée d’Euripide), mais également interpréter pour la première fois, certaines chansons inédites de Russell, orchestrées pour grand ensemble dont la chanson Give it to the sky, titre éponyme de ce projet. Puis à Russell, Christian Rizzo et Caty Olive nous ont dit oui, sans hésiter ; afin d’en proposer une performance élargie qui prendra la forme d’un objet scénique à la croisée de l’installation (dispositif lumineux).
Il y a dans dans Tower of Meaning un trouble spatial, sorte d’antichambre, un lieu d’avant le lieu où la musique se déploie en faisant fi à la fois de la gravité et de l’apesanteur. Il y règne un manque, une absence dans laquelle s’inscrit l’adresse. Et puis il y a la voix de Peter Broderick, contre-balançant la matière nébuleuse en incarnation. Un écart surgit. C’est alors, peut-être, à cet endroit même de « l’entre » que tout se joue et qu’il nous appartiendra de mettre en enquête. Un vide, conducteur absolu entre l’ancrage poétique direct des chansons d’Arthur Russell et un éther attendu.