Du tableau merveilleux au chaos ultra-violent, de la contemplation enchantée à l’inquiétude active... The Artificial Nature Project, de la chorégraphe Mette Ingvartsen, est une métaphore magistrale des rapports de l’homme à son environnement. Eve beauvallet, 10. déc. 2012, mouvement.net
The Artificial Nature Project, véritable boîte de Pandore chorégraphique, est le dernier-né de quatre spectacles dans lesquels la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen examine les phénomènes naturels et les sensations qu’ils provoquent. La lumière met en mouvement le plateau, faisant naître une série d’images dans un usage immersif de la scénographie. Sondant les qualités intrinsèques de la matière, sept performeurs suscitent, machines à l’appui, des mouvements naturels de laves, de neiges incandescentes, des essaims miroitants… Au fil des images se dessine une allégorie de la place de l’homme dans son environnement, reflétant l’illusion d’un contrôle sur la nature, sans cesse rattrapé par l’entropie du vivant.
Mette Ingvartsen travaille alternativement à Berlin et à Bruxelles. En 2004, elle a achevé ses études à l’école bruxelloise de danse contemporaine P.A.R.T.S. Dès 2002, elle commence à construire une oeuvre chorégraphique intensément physique.
Du tableau merveilleux au chaos ultra-violent, de la contemplation enchantée à l’inquiétude active... The Artificial Nature Project, de la chorégraphe Mette Ingvartsen, est une métaphore magistrale des rapports de l’homme à son environnement. Eve beauvallet, 10. déc. 2012, mouvement.net
The Artificial Nature Project, véritable boîte de Pandore chorégraphique, est le dernier-né de quatre spectacles dans lesquels la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen examine les phénomènes naturels et les sensations qu’ils provoquent. La lumière met en mouvement le plateau, faisant naître une série d’images dans un usage immersif de la scénographie. Sondant les qualités intrinsèques de la matière, sept performeurs suscitent, machines à l’appui, des mouvements naturels de laves, de neiges incandescentes, des essaims miroitants… Au fil des images se dessine une allégorie de la place de l’homme dans son environnement, reflétant l’illusion d’un contrôle sur la nature, sans cesse rattrapé par l’entropie du vivant.
Mette Ingvartsen travaille alternativement à Berlin et à Bruxelles. En 2004, elle a achevé ses études à l’école bruxelloise de danse contemporaine P.A.R.T.S. Dès 2002, elle commence à construire une oeuvre chorégraphique intensément physique.
CONCEPTION ET CHORÉGRAPHIE METTE INGVARTSEN
PERFORMANCE FRANZISKA AIGNER, ILSE GHEKIERE, SIRAH FOIGHL BRUTMANN,
SIDNEY LEONI, MARTIN LERVIK, MANON SANTKIN
LUMIÈRES MINNA TIIKKAINEN
MUSIQUE PETER LENAERTS
DRAMATURGIE BOJANA CVEJIC
DIRECTEUR TECHNIQUE HANS MEIJER
TECHNICIEN SON ADRIEN GENTIZON
TECHNICIENNE LUMIÈRES SUSANA ALONSO
GESTION DE PRODUCTION KERSTIN SCHROTH
CRÉDIT PHOTO JAN LIETAERT
Née en 1980 à Copenhague, Mette Ingvartsen étudie à Amsterdam, puis à Bruxelles où elle est diplômée
de P.A.R.T.S. en 2004. Depuis 2002, elle monte ses propres projets ou s’engage dans différentes
collaborations : Solo Negatives, Manual Focus, Out of Order, 50/50, To Come, The Making of the Making of,
Why We Love Action et dernièrement le projet YouTube Where is my privacy, It’s in The Air en collaboration
avec Jefta van Dinther, Evaporated Landscapes, All the way out there et Giant City.
Depuis 2005, elle oeuvre à « Everybodys », stratégies d’« open source » dont l’objet est de produire des
jeux et des outils de développement utilisables par tous. Elle fait partie du collectif Coco qui a présenté en
2008 Breeding, Brains and Beauty, performances théâtrales de Jan Ritsema et Bojana Cvejic. La
documentation, l’écriture et la performance constituent ses champs d’intervention. Parallèlement à cette
démarche, elle s’implique dans des recherches sur l’éducation, les modes et les structures de production
des arts du spectacle, notamment par le biais du projet 6Months 1Location, mené en 2008.
Le grand talent de la Franco-Danoise Mette Ingvartsen – déjà repérée pour ses curieuses performances
environnementales – est d’avoir choisi, pour évoquer le désastre, de chorégraphier à partir d’un matériau
paradoxalement séduisant et festif : des milliards de confettis dorés. Un matériau pauvre et tout à fait
merveilleux, le genre de paillettes associées aux dancefloors et à la féerie mais qui peuvent devenir
menaçantes dès lors qu’elles s’amoncellent par dizaines de milliers sur le plateau.
The Artificial Nature Project est d’abord la construction d’un éco-système inouï à partir de cette matière :
on se délecte des propriétés luminescentes des confettis, on étudie leur poids, leur vitesse de
déplacement, leur température. On skotche devant ces tableaux abstraits comme devant une étrange
boule à neige, ou plutôt, comme devant le microscope d’un physicien, avec la même fascination à voir se
métamorphoser les organismes vivants, à observer les phénomènes élémentaires invisibles à l’oeil nu. Mais
cette nature artificielle recréée sur le plateau est vite perturbée par l’arrivée des huit performers, chargés de
générer la masse de paillettes, mais aussi de la contrôler, de la maîtriser et de la nettoyer. C’est bientôt
« une catastrophe naturelle en miniature » que Mette Ingvartsen dit reproduire à moindre échelle : la neige
douce et dorée des débuts s’est transformée en mini-tornades et micro-tsunamis. Les tableaux abstraits
ont laissé place à une performance physique chaotique. Et la menace se superpose à la féerie dans une
gradation dramatique puissante.
C’est là le génie de l’opération : la superposition des registres, la totale ambiguïté de lecture. Voeu pieu de
trop de performances « conceptuelles », l’indétermination fonctionne ici à plein : les courses des interprètes
pour maîtriser les confettis sont-elles des courses festives ou des courses de panique ? Impossible à dire.
Dans le chaos général et miroitant qui s’est imposé sur le plateau, entre les milliards de paillettes amassées
au sol et celles qui s’envolent violemment comme des nuées d’insectes, qui de l’homme ou de la « nature
artificielle » génère réellement le mouvement ? Aucune idée… Difficile de trancher sur le statut et la fonction
des performeurs : au début simple techniciens ou agents d’entretiens, effacés derrière le spectacle de la
matière, ils deviennent progressivement les marionnettes aux mains de phénomènes physiques qu’ils ont
eux mêmes générés. Au final, est-ce la fête ou la débâcle ? Doit-on contempler sans craindre ? Peut-on
craindre en s’extasiant ? Aussi enchanteur qu’anxiogène, The Artifical Nature Project enchevêtre
superbement hypnose et mise à distance, conceptuel et spectaculaire.
Pas de symbolisme appuyé, pas de brûlot écolo et pourtant, on ressent juste de façon vague un curieux
état d’urgence. Mouvement.net, Eve Beauvallet, 10 décembre 2012.
The Artificial Nature Project, spectaculaire
feu d’artifice, bombardement, tourbillon, tempête de sable, tremblement de terre... Une pluie lumineuse et
scintillante envahit l’espace de la scène de la salle Guy Ropartz. Les danseurs équipés comme des
travailleurs de centrale nucléaire, brassent énergiquement cette poussière brillante, ces particules
envahissantes et mobiles, sans cesse en mouvement faisant penser tantôt à des jets d’eau, des éruptions
volcaniques, des catastrophes naturelles. Dans The Artificial Nature Project, accueilli au festival Mettre en
scène, la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen, fait voler les matériaux dans tous les sens. Les sept
danseurs disparaissent derrière la matière, comme si les éléments naturels avaient pris le dessus sur
l’homme pour ne laisser parfois qu’un paysage de chaos, de ruines qu’il faut reconstruire. Éternellement.
L’homme semble perdre le contrôle, impuissant dans cet environnement qu’il peine à maîtriser.
Si la pièce réserve parfois quelques longueurs, plusieurs tableaux sont saisissants et fascinants.
Ouestfrance.fr, A. L. M., 12 novembre 2012.
The Artificial Nature Project est la dernière d’une série de quatre pièces de Mette Ingvartsen, mettant en scène les perceptions et les sensations suscitées par la nature. Son intérêt pour la mise en fiction et la chorégraphie des phénomènes naturels naît en 2009 avec Evaporated Landscapes, une installation performance dénuée de présence humaine où l’acte performatif en lui-même était abandonné au profit de matières telles que des bulles, de la mousse, du brouillard, du son et de la lumière. (...) Des matières traversent l’air pour donner naissance à un paysage qui se transforme en permanence. Tout au long de la pièce, le panorama ne cesse de changer : une scène calme et contemplative peut se transformer en un énergique chaos d’éléments projetés dans les airs. Ou encore, une vague submergeante devient un orage de confettis tourbillonnant dans l’air, précipités à travers le plateau. La scène du théâtre est recouverte de divers objets, de matériaux bruts qui la traversent, créant un désordre désastreux à partir de choses petites, épaisses, grosses, lourdes, fines, cassables et résistantes. Les matériaux sont mis en mouvement par les danseurs, formant un corps qui n’est plus fait de chair humaine mais plutôt d’une masse flottante et virevoltante. La chorégraphie qui en émerge est mise en oeuvre par des performeurs humains pour une part, non-humains pour l’autre. Les mouvements métamorphosent l’apparence et la perception de ces matières en une variété de formes : d’une sculpture abstraite, d’un grouillement animal, à la tempête de sable qui ensevelit les humains pris dans sa tourmente. Une image est remplacée par l’autre, alternant rapidement notre perception d’un paysage étincelant.