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Trottoir
Volmir Cordeiro

Spectacle reporté

Danse / MARDI 24 MARS 20H30 Mardi 06 octobre 2020  / Théâtre Saragosse
1H00 / TARIF B / Création 2019

Passé par le CNDC d’Angers après plusieurs expériences marquantes au Brésil, notamment aux côtés de la chorégraphe Lia Rodrigues, Volmir Cordeiro est remarqué pour ses trois solos, Ciel (2012) et Inês (2014) présentés dans le cadre de Résonance(s) 2018 et Rue (2015), qui traitent des corps marginaux et de leur place dans l’espace urbain. Artiste associé au Centre National de la Danse à Pantin depuis 2017, il poursuit son exploration de la rue avec Trottoir. En écho aux danses de possession du Niger, filmées par Jean Rouch dans les années 1950, le jeune chorégraphe transfère l’énergie de la fête dans une danse de métamorphose. Le trottoir est le lieu de la marche, de la célébration, de la divagation. C’est aussi le lieu de l’altérité où les identités s’échangent, où la marginalité s’affiche. Cortège de prostituées, boys travailleurs, balade, transe sont autant de possibles, autant de « masques » permettant d’échapper à la rigidité du béton. La pièce de Volmir Cordeiro tire son principe libérateur de la circulation d’une joie festive entre les six interprètes – danseurs, chanteurs, musiciens. Le Trottoir sur lequel ils déambulent définit un paysage singulier où les corps s’exposent avec générosité dans un débordement de couleurs. Volmir Cordeiro trouve dans l’expérience du désordre une impulsion créatrice jubilatoire autant qu’un processus de guérison : une manière exaltante de casser les impasses de la raison et de maîtriser la folie qui nous menace.

Chorégraphie Volmir Cordeiro / Interprétation Volmir Cordeiro, Martin Gil, Isabela Santana, Marcela Santander Corvalán, Anne Sanogo, Washington Timbó / Lumière Abigail Fowler / Design sonore Arnaud de la Celle / Costumes Vinca Alonso et Volmir Cordeiro / Production Donna Volcan / Administration, production, diffusion manakin Lauren Boyer & Leslie Perrin / Remerciements Léa Lourmière / CRÉDITS PHOTOS VOLMIR CORDEIRO
PRODUCTION

Coproduction CND Centre national de la danse, Le Musée de la Danse/Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, dans le cadre de la mission Accueilstudio, Charleroi Danse – Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie – Bruxelles, Ateliers Médicis - Clichy-sous-Bois / Montfermeil, King’s Fountain, Art Danse CDCN Dijon Bourgogne- Franche-Comté, La Place de la Dance, CDCN Toulouse - Occitanie, ICI—CCN Montpellier
- Occitanie, Direction Christian Rizzo / Soutien Ecole Nationale Supérieure d’Art de Dijon, Actoral - festival international des arts et des écritures contemporaines, Département de la Seine-Saint-Denis, DRAC Îlede- France au titre de l’aide à la structuration / Volmir Cordeiro, artiste associé au CND entre 2017 et 2019.

Passé par le CNDC d’Angers après plusieurs expériences marquantes au Brésil, notamment aux côtés de la chorégraphe Lia Rodrigues, Volmir Cordeiro est remarqué pour ses trois solos, Ciel (2012) et Inês (2014) présentés dans le cadre de Résonance(s) 2018 et Rue (2015), qui traitent des corps marginaux et de leur place dans l’espace urbain. Artiste associé au Centre National de la Danse à Pantin depuis 2017, il poursuit son exploration de la rue avec Trottoir. En écho aux danses de possession du Niger, filmées par Jean Rouch dans les années 1950, le jeune chorégraphe transfère l’énergie de la fête dans une danse de métamorphose. Le trottoir est le lieu de la marche, de la célébration, de la divagation. C’est aussi le lieu de l’altérité où les identités s’échangent, où la marginalité s’affiche. Cortège de prostituées, boys travailleurs, balade, transe sont autant de possibles, autant de « masques » permettant d’échapper à la rigidité du béton. La pièce de Volmir Cordeiro tire son principe libérateur de la circulation d’une joie festive entre les six interprètes – danseurs, chanteurs, musiciens. Le Trottoir sur lequel ils déambulent définit un paysage singulier où les corps s’exposent avec générosité dans un débordement de couleurs. Volmir Cordeiro trouve dans l’expérience du désordre une impulsion créatrice jubilatoire autant qu’un processus de guérison : une manière exaltante de casser les impasses de la raison et de maîtriser la folie qui nous menace.

DISTRIBUTION

Chorégraphie Volmir Cordeiro / Interprétation Volmir Cordeiro, Martin Gil, Isabela Santana, Marcela Santander Corvalán, Anne Sanogo, Washington Timbó / Lumière Abigail Fowler / Design sonore Arnaud de la Celle / Costumes Vinca Alonso et Volmir Cordeiro / Production Donna Volcan / Administration, production, diffusion manakin Lauren Boyer & Leslie Perrin / Remerciements Léa Lourmière / CRÉDITS PHOTOS VOLMIR CORDEIRO

 
RENDEZ-VOUS
 

Né en 1987, Volmir Cordeiro a d’abord étudié le théâtre pour ensuite collaborer avec les chorégraphes brésiliens Alejandro Ahmed, Cristina Moura et Lia Rodrigues. Il intègre la formation Essais en 2011 au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers - direction Emmanuelle Huynh et a soutenu en novembre 2018 une thèse à l’Université Paris 8 sur les figures de la marginalité dans la danse contemporaine qui fera l’objet d’une publication en 2019. Il a participé aux pièces de Xavier Le Roy, Laurent Pichaud & Rémy Héritier, Emmanuelle Huynh, Jocelyn Cottencin et Vera Mantero.
En 2012, il signe en France un premier solo, Ciel, puis, Inês en 2014 et en mars 2015, le duo Epoque, avec Marcela Santander Corvalán. Il a clos un premier cycle de son travail, composé des trois solos Ciel, Inês et Rue (créé en octobre 2015 au Musée du Louvre, en collaboration avec la FIAC) et a créé à Brest, en février 2017, une pièce pour quatre danseurs, L’oeil la bouche et le reste.
Il enseigne régulièrement dans des écoles de formation chorégraphique telles que le Master Exerce (ICI-CCN Montpellier, France) et Master Drama (Kask,Gand, Belgique). Volmir Cordeiro a été artiste associé à la Ménagerie de Verre en 2015, et est depuis 2017 artiste associé au Centre National de la Danse (CND) à Pantin. Il est également artiste résident chercheur aux Ateliers Médicis à Clichy-sous-bois.

« La joie est une flamme sans épaisseur qui s’effrange à la rencontre du profond velours de la nuit. Et dans la colère des haut-parleurs, les fortes et vulgaires musiques se disputent comme les oiseaux d’une volière géante : elles se confondent enfin et s’annulent dans une même rumeur égale et sauvage, qui inquiète les coeurs à la façon d’une liqueur ».
C’est ainsi que Jean Starobinski débute son Interrogatoire du masque. Il nous donne l’idée que chaque artiste fait lui-même son « vrai » - le vrai est une réalité toujours provisoire. Il nous livre un impulse : recharger le devenir de son énergie et pourtant le destituer de son inertie - comment faire perdurer l’énergie qui nous entraîne à travers la fête vers la danse, vers un épanouissement à la fois personnel et collectif ? Starobinki fait le constat d’une certaine « tragédie du monde » où l’impuissance et l’exclusion gouvernent nos corps sans chairs et nos présences sans visages. Alors laissez-moi circulez sur ce trottoir, sur des trottoirs. Laisse-moi être un passant, un casse-impasse. Celui qui vous parle fait la fête, travaille, voyage, dort, marche, et aime se métamorphoser. Seul celui qui se métamorphose peut connaître la guérison. Seul celui qui a la « volonté de métamorphose » peut habiter un autre lieu, peut sortir du gouffre et marcher sur le trottoir. « Le masque tire un être humain hors de lui-même. Il est donc l’instrument d’une extase, au sens fort de ce terme ». Celui qui met le masque, et qui vit l’extase comme négation de l’être isolé a déjà affronté la soumission, il est l’allié du béton et le maître des « relations de tempêtes » qu’il entretient avec l’inconnu.
En marchant dans la ville, le citoyen ne pense qu’à l’étranger qui débarque. Ils ont tous les deux leurs « barques ouvertes ». Marcher, se déplacer, voyager, n’est pas juste une nécessité, mais aussi une fuite, un plaisir et une divagation. Sans l’Autre, le trottoir n’existerait pas. Et sans trottoir, la danse n’existerait pas. Sans soumission, la danse ne regarderait pas le trottoir. Sans norme, la danse ne marcherait pas. Notre histoire dépend de nos proximités. Notre danse dépend des instants où on se cogne. Notre relation dépend du trottoir. Alors, laissez-moi circuler sur ce trottoir, sur des trottoirs. Laissez-moi être un passant, celui qui casse les impasses et celui qui vous rappelle que nous sommes tous de passage, des êtres-passants, que c’est notre condition commune de terrien. Nous avons besoin donc d’organiser nos passages, mais toujours à condition de pouvoir passer en liberté. Trottoir, cette pièce, on la doit aux moments où on s’accompagne en dansant et on suit les masques (qui sont) des autres. Nous voulons nous débarrasser de nous-mêmes. Nous voulons être également ivres. Habiter un trottoir c’est parfait pour ça. Sale danse où nous sommes réunis en même temps que séparés les uns des autres. Le trottoir sera toujours la fabrique de liens et d’aliénés. Cette pièce, qui est parmi vous, cherche une joie festive, emballée par la colère des sons de guérison. Divisée en cinq parties : les boys travailleurs, un cortège des prostitués, une balade qui pose problème, des aveux inavouables et la transe, tout ici est une façon de se défaire de la patrie. Devant le cri de la poésie, nous cheminons avec un désir d’expansion de la vie.
Nous nous arrêtons face à ceux qui dévitalisent la pulsion créatrice. Nous sommes généreux avec les ennemis du vivant. Nous jouerons avec la violence infinie de l’amour. Le corps exposé est notre obsession, est notre offrande. Pour reprendre la pensée de Glissant dans Poétique de la Relation : « Le pouvoir de ressentir le choc de l’ailleurs est ce qui nomme le poète ». Timbó devient Marcela. Rue devient Trottoir. Encore Glissant : « nous savons que l’Autre est en nous, qui non seulement retentit sur notre devenir mais aussi sur le gros de nos conceptions et sur le mouvement de notre sensibilité ». Le danseur est toujours dans l’expérience du désordre.
On a tous besoin d’un dimanche tranquille pour relaxer nos impératifs. Vous avez besoin de regarder, et de boire après. Nous avons besoin de votre froideur. Sans bascule, il n’y a pas de spectacle. On tient bon alors. On suit le trottoir. Cette pièce, qui est parmi vous, cherche une joie festive, emballée par la colère des sons de guérison. C’est une façon de se défaire de la patrie, de maîtriser la folie qui nous affole… et de ne voir que des couleurs.
Je dédie cette pièce à l’ancien député Jean Wyllys, qui a du renoncer à sa candidature et quitter le Brésil le 23 janvier 2019 en raison des persistantes menaces de mort. Jean Wyllys a été le seul parlementaire homosexuel déclaré et engagé pour la cause LGBTQ+. Il est devenu une cible des groupes conservateurs du pays.
Volmir Cordeiro, janvier 2019.

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE
D'INTÉRÊT NATIONAL
ART ET CRÉATION DANSE